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14 novembre 2010

Grève : nos moyens d'action seront radicaux et réfléchis

Bordilhas_001Grèva dei ramassaires de bordilhas a  Marselha en octòbre de 2010 per faire recuelar la refòrma dei retiradas : les rues sont vite envahies de poubelles en putréfaction, on a comme une odeur de l'Inde, l'odeur âcre de l'Inde, les rats, lei garris se van regalar. Bordilhas Streets for the strike. Notre Dame des Bordilles, priez pour nous  ! On entonne un petit -Je vous salis ma rue- de la fatalité ! Des flammes souvent dans la nuit, mai lo fuèc, back the fire...Bonne mère en transe, Marseille bordélisée, bordilhas, poubelles en feu, désordre, immondices, ruines, fiente, pus, tout ce contre quoi la vie urbaine nous parait être la défense organisée, tout s'étale dans les rues. Una aussa de pudentor.

Pendant deux semaines (avant que les pouvoirs publics ordonnent les premières réquisitions), notre environnement immédiat sera immonde, nos rues empuanties, des voitures brûlées, des quartiers devenus insalubres.

Le syndicaliste, oui je suis syndiqué, le syndicaliste s'interroge.

Chaque syndicat choisit son moyen d'action en toutes connaissances de cause, libre-arbitre oblige. Les éboueurs ont décidé de faire valoir leur droit de grève en choisissant ce moyen d'action. D'abord la grève : un droit fondamental acquis de hautes luttes par ceux qui autrefois ont patiemment semé nos libertés et je leur défendrai donc ce droit, un acquis.

Bordilhas_003En cessant leur travail pendant deux semaines, putan, se son un pauc enganats lei bordilhiers comunaus, ils se sont fourvoyés les communaux en laissant durer trop longtemps ce mouvement social et en donnant ainsi libre cours aux polémiques. Marseille était en vrac, cette grève a mis le oai...  Elle a mis la ville dans un état d'insalubrité publique pas possible et sans fantasmer sur une ville super clean  (très loin d'un rêve petit bourgeois où la ville ne serait qu'ordre et propreté) la situation était devenue critique d'autant plus qu'il y a eu ces incendies de containers régulièrement allumés : feux souvent nocturnes partout où gisaient ces plastiques remplis d'ordures. Des feux qui se sont parfois propagés au delà des containers brûlant des voitures et parfois même des façades d'immeubles.

Nous syndicalistes, il est de notre devoir de mettre en place dans nos luttes des modalités d'action dignes, intelligentes et non préjudiciables aux foyers les plus modestes.  Face à ce chaos, si certains marseillais s'amusaient des réactions de riverains excédés pleurant misère (je sais que certains diront qu'on a toujours mélangé le scatologique au sacré), d'autres semblaient résignés, d'autres encore montaient au créneau en intervenant auprès des pouvoirs publics et des élus.

Il faut toujours avoir à l'esprit que l'insalubrité publique a toujours des conséquences plus lourdes à l'égard des plus démunis notamment dans une période où les frais de santé sont de moins en moins remboursés. "Zone sud peuplée de bâtards méditerranéens, de Narbonoïdes dégénérés, de nervis, Félibres gâteux..." écrivait honteusement Céline ! Non, Marseille a été une des premières villes d'Europe a mettre en place une politique d'hygiène publique.

Eco-syndicaliste de tradition non violente, don't give up... j'ai trouvé très déplacé ce moyen d'action et notamment après notre défaite d'écologiste dans le combat contre l'incinérateur de Fos qui brûle désormais les déchets marseillais. D'ailleurs, symboliquement ceux qui ont brulés ces monceaux de déchets ont mis en scène ce qui se fait à grande échelle à Fos. Echo du désastre tout incinération, une hérésie dans une époque où le simple bon sens nous invite à pratiquer le tri sélectif, le recyclage, le compostage en considérant les déchets finalement comme aussi un potentiel de richesse.

Ce moyen d'action lancé par le syndicat majoritaire des communaux nous a envoyé plusieurs signaux :
-vous voyez, nous syndicats, on peut bordéliser la future capitale européenne de la culture sans problème, mèfi !
-rendez vous compte, nous sommes si forts que les pouvoirs publics ont attendu deux semaines avant de procéder aux premières réquisitions (Eugène Caselli négociera au bout de 14 jours la sortie du mouvement avec à la clé une prime accordée pour les heures supplémentaires permettant de compenser la perte de salaire due aux journées grévées)
- ne faites surtout pas d'appel d'offres à l'avenir, notre métier d'éboueur, ça ne changera pas, tout va rester en place et le collectage des déchets ménagers se poursuivra dans ces conditions techniques là...

Tancar lo patis, de segur mai coma ? Fau carcular. Cadun a lo drech d'aparar son mestier, es lo ròtle dei sindicats de va faire.

Bordilhas_004Durant cette période, Marseille s'est encore un peu plus enfoncée dans la pauvreté, la misère y a gagné un peu plus. C'est un fort risque dans le monde occidental de voir l'espace psycho-géographique se compartimenter en zones pour gens friqués et en zones pour pauvres comme déjà c'est le cas dans beaucoup de grandes ville d'Amérique du sud. Dans la pratique syndicale, encourager cette dynamique est hautement à côté de la plaque.

Proposons l'alternative de la non-violence active, celle de Gandhi ou Martin Luther King, reprise par les militants du Larzac dans les années 70 et par les activistes de Greenpeace aujourd'hui. Le moyen d'action de celui  qui conteste est toujours porteur de sens et la non-violence n'est pas la passivité mais une action militante qui demande du sang froid et même parfois un peu d'héroïsme. Dans la situation conflictuelle, le protagoniste n'est pas l'ennemi mais plutôt celui dont les idées sont à combattre. La non-violence est à la fois simple et subtile car il s'agit dans un premier temps de se débarrasser des habitudes communes.

Quelques exemples :
-le roi du Danemark portant sur sa poitrine pendant le troisième Reich l'étoile jaune
-les militants antinucléaires bloquant un convoi ferroviaire de déchets radioactifs en enlevant aussi le ballast de la voie ferrée
-les actions symboliques sur le Larzac où les militants pratiquaient le jeûne et labouraient des champs menacés d'annexion par l'armée.

Il y aurait beaucoup d'autres exemples  dans l'espace et le temps, l'idée est toujours de résister avec un moyen d'action pertinent. Etre non-violent ne sera jamais se résigner devant la fatalité de l'injustice, se mettre à l'abri tandis que le monde est en feu...
Je ne tournerai pas la tête en éludant l'affaire, je n'entrerai pas non plus dans la bagarre en échangeant des coups, je ne tournerai pas les talons et non plus, je n'aurai aucune envie de capituler.
La non-violence active c'est donner force à la justice, ça passe par l'action symbolique, la communication et souvent l'explication, en ayant toujours conscience que chacun de nos actes militants est porteur de sens.

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