Gaiman, ville argentine fondée par des Gallois

Etonnament, dans le sud argentin, entre 1865 et 1874, dans une pauvre steppe patagonique plutôt rachitique, une petite colonie de Gallois a immigré. Première population stable de la province Chubut. Les Espagnols avaient découvert cette région de Patagonie en 1520 lors de l'expédition de Magellan et c'est donc plus de 200 ans après que les Gallois ont posé les premières pierres d'un village. Du même coup, ils ont transformé comme par enchantement tout l'environnement. Aujourd'hui, autour de Gaiman, les prairies et les vergers abondent : des haies de cyprès ont étaient plantées également pour protéger les cultures du vent soufflant régulièrement dans cette contrée de Patagonie atlantique. Ce qui était désert est devenu un vrai jardin.

Allons visiter la modeste maison de pierres du pionnier de cette immigration européenne en Argentine. A l'intérieur, y reste encore  un petit lit metallique, dans la cheminée marmites et chaudrons, dans une autre petite pièce, la malle des premiers occupants, leur vieil accordéon diatonique encore aujourd'hui toujours dans sa boite.

A l'époque, le gouvernement argentin encourageait vivement la venue de ces européens porteurs de civilisation, censés contrebalancer la présence indigéne assez mal vue... les autochtones étant ici des amérindiens de Patagonie, les tehuelches.

Petit a petit, les colons ont étendu leur surface de culture ce qui a necessité la construction de tout un réseau d'irrigation. Les Gallois de tradition travailliste se sont rapidement organisés en coopératives. Leur vie sociale devenait intense avec beaucoup d'assemblées publiques entre citoyens. Ils ont progressivement réussi à mettre en place un système où le travail était la pierre angulaire des échanges. (contre le capital)

Quelles étaient les relations entre colons et amérindiens ? Question délicate : la grosse répression contre les tehuelches s'étaient faites auparavant, les Gallois sont arrivés dans un contexte plus facile pour des colons où les indiens étaient majoritairement soumis. Aujourd'hui, force est de constater qu'il y a des familles métissées et les gens de Gaiman que j'ai interrogés aiment dire que les colons et les indiens se sont plutôt bien entendus assez rapidement.

Le premier colon gallois, David D Roberts fuyant la misère et surtout l'hégémonie culturelle et linguistique du royaume britannique, était au départ un ouvrier très modeste qui a transité aux USA avant de tenter l'aventure argentine en Patagonie. Sa maison bâtie dès 1874 est devenue un musée. Il faisait partie de ces premiers colons gallois qui étaient assoiffés de liberté pour leur langue, leur foi et leur travail.

Très rapidement, un rio fut détourné et des canaux ont été creusés pour irriguer toute la vallée. Dans ce moment où le chemin de fer connaissait beaucoup d'engouement, un tunnel fut même creusé afin de permettre le transport de marchandises par voie ferroviaire.  Le collège fut inauguré en 1906.

Ces immigrants dans leur microcosme continuaient à défendre avec beaucoup de détermination le gallois et même, ils publièrent un journal dans leur langue de résistance -Le démocrate-. Plus d'un siècle après, encore beaucoup de collégiens de Gaiman étudient le gallois, langue minorisée d'Europe mais en situation de revival aussi au pays de Galles. Trois heures par semaine. Oh my God ! De quoi faire bondir les technocrates du centralisme...Au nord de Gaiman, à peu près à la même époque, des aveyronais ont eu une démarche analogue, ils ont fondé eux la ville de Pigue...