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19 janvier 2007

L'homme à la tête coupée

T_staA Sukhotai, antique capitale du Siam (donc aujourd'hui en Thaïlande), dans les ruines archéologiques de la vieille ville, au coeur des sanctuaires, il y a beaucoup de Bouddha a la tête coupée. Pourquoi ? Est ce l'oeuvre de soudards voulant marquer symboliquement le déclin de la ville ou peut-être des mutilations tout simplement dues aux tremblements de terre des siècles passés, qui sait ? En tous cas, cela résonne avec ce mythe antique des têtes coupées que les archéologues ont découvert en Provence du côté de Velaux et dans le pays d'Aix, à Entremont. Un culte énigmatique attribué aux Salyens ou aux Celto-ligures, l'incertitude plane encore...

A propos de statues décapitées, j'ai pensé aussi à des anecdotes contemporaines, de la tragédie contemporaine en quelque sorte. Si vous allez à Arles, place du forum, jeter un coup d'oeil à la statue de Frédéric Mistral, une cicatrice circulaire sombre parcourt son cou, une marque bien visible qui tranche dans le vert de gris de l'ensemble. D'où peut provenir cette blessure ? Pendant les heures noires de l'occupation, les nazis ont voulu s'accaparer tous les métaux du pays afin de les faire fondre pour couler de l'artillerie, une manière aussi de déposséder la contrée d'une partie de son statuaire, autrement dit de sa mémoire. La statue de Victor Gelu à Marseille n'y a malheureusement pas échappé. Par contre, grâce à un aventurier de l'Occitanie, ne manquant ni d'audace, ni de ferveur provençale, Jòrgi Rebol, la tête du -Mestre- fut préservée. Il n'a pas hésité en effet à scier la statue de Mistral dans la nuit pour emporter sa tête et l'enterrer ensuite dans un jardin. Elle était bien planquée. Acte magnifique de bravoure et de résistance... Il fallait que la tête du poète échappe à tous prix à la prédation nazie. Rebol prenant tous les risques, pensait la faire ressurgir un jour, un jour couleur orange, pour la Libération. Et la Libération n'allait pas tarder, elle fut d'ailleurs si rapide à venir que même le métal correspondant au corps décapité n'a pas été fondu. Ainsi, les deux parties aujourd'hui recollées gardent ce stygmate, cette cicatrice qui témoigne d'un bel acte de résistance et de ferveur occitane...Quelle belle leçon de rébellion de la part de Rebol . Aussi, aujourd'hui, en regardant le cou du grand Frédo, du moins de sa statue, pensez à cet acte rebelle, d'une fidélité exemplaire à l'égard de l'héritage mistralien et aussi acte de résistance bien sûr.

Autre cicatrice semblable, cette blessure au cou de l'ange de pierre de Miqueu Miniussi. Qui était ce personnage ? Un écrivain occitan d'une grande ambition littéraire, auteur de -Jiròni- et des -Passatemps-, un écrivain qui a su dire le spleen et le vide existentiel du milieu mondain avec une plume si raffinée, si sensible qu'elle enchanta ses lecteurs enthousiastes. Miniussi a été aussi un poète érudit  chantant de manière très sensuelle les délices de la vie terrestre. Miqueu est mort très tôt et sur sa tombe, sa famille avait fait aposer un ange de pierre, un ange gardien de son repos. Cet ange a été malheureusement victime des pilleurs de tombe, ces gens barbares et cupides qui ne respectent même pas le sens sacré de la vie...Ils ont cherché a désceller la statue de la pierre tombale. Mais l'ange a résisté, ils l'ont alors maladroitement décapité d'un geste de brutalité vaine et stupide. Au delà du sordide fait divers, on peut se demander si ce mythe des têtes coupées ne se prolongerait pas un peu presque ? Les résistants, les coeurs rebelles, les poètes de l'Occitanie, ceux de grande ferveur comme Jòrgi Rebol mais aussi hélas, les pilleurs de tombeaux, abjects personnages, laissent d'étranges blessures à l'encolure des pierres sculptées.

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Commentaires
P
Rebol m'aviá mandat en 1975 una letra amb una fotocòpia que mostrava Rebol carrejant la tèsta de Mistral dins una broeta e dessota d'aquela marrida fotò quauquei linhas dau libre de R. Lafont MISTRAL OU L'ILLUSION. Aquelei linhas disián qu'es Pau RICARD qu'escondèt la tèsta dau Mèstre de Malhana dau temps de la guerra. Mai es REBOL que la tornèt en 1945 en Arle. Ai un jpeg d'aquela letra de REBOL s'aquò t'interessa, mai sabi pas coma faire per amb ton site. AUBAN de Marselha, de son faus-nom de dessenhaire : POYYÂT
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