Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Emboligol

Emboligol
Publicité
Emboligol
Archives
16 avril 2020

"De quauquei fugidas" de Michel Miniussi

 

M

L’association « Les amis de Michel Miniussi » a publié récemment « Quauquei fugidas » , un long texte de jeunesse de Michel Miniussi, édité en bilingue avec une traduction en français de Jean-Claude Forêt.

 

Face à ces temps incertains à bien des égards, socialement bien sûr, anthropologiquement même et pour nous occitanistes, désespérants du fait de notre solitude, il est un grand plaisir que d‘évoquer « Quauquei fugidas ». Nous ferons fi donc de la remise en cause progressive et désormais irréversible semble t-il de l’enseignement de l’occitan dans le cursus de l’enseignement public, rendant grâce à ce que fut l’éclosion d’un nouveau talent de la littérature d’oc : il a surgi de la Provence orientale, il y a plus de 40 ans sous la férule de l’occitanisme littéraire, parmi les plus ambitieux avec un certain Robert Lafont comme mentor.

Michel Miniussi n’avait pas tout à fait vingt ans vers 1974 quand, étudiant en khâgne de Nice, il a mis le pied à l’étrier de la littérature d’oc en jeune prodige doté déjà d’une érudition singulière, parfois peut-être jusqu’à l’arrogance et d’un talent littéraire indéniable qui va assez vite s’affirmer. De ses textes initiaux, retenons ces quelques fuites « Quauquei fugidas » en trois parties, exercice où il se frottera à la créativité littéraire, quête de style aussi… par cette langue encore aujourd’hui si méprisée. Ainsi son initiation de jeune littérateur se fit. Dans ces « quelques fuites » s’affûtent déjà les grandes lignes qui permettront plus tard la réalisation de son roman « Lei passatemps » où se mettra en scène la quintessence de son travail, œuvre de maturation.

Il s’agit bien sûr d’une époque où l’attrait pour la culture ne s’était pas encore totalement étiolé, notamment celle d’oc, moment où les séries désormais à la mode n’avaient pas encore pris le pas sur le cinéma des Pasolini, Fellini ou Bergman, où la poésie n’était pas abandonné par ses lecteurs potentiels.

Découvrir les textes en provençal de ce jeune écrivain aujourd’hui surprend du fait de leur ambition, d’une certaine volonté d’aller vers la virtuosité et aussi en reflet de la vibration d’une époque… et donne du baume au cœur car au-delà de sa connaissance du lexique et de la littérature d’oc déjà parachevée sous la houlette de son mentor Robert Lafont et de ses disciples, voilà la naissance d’une prose élégante sur les traces des grands prosateurs d’expression provençale et plus largement occitane. En outre, comme il est émouvant de découvrir le flou, les hésitations du désir, sachant depuis, le cours du destin, ce que fut la réponse de l’oracle.

Il y a deux citations en page de garde, l’une du poète Pétrarque, grand admirateur d’Arnaud Daniel, le troubadour de Ribérac et l’autre de Philippe Gardy, auteur et critique littéraire contemporain.

« Cette figure de l’univers qui s’enferme sur lui même, qui se construit sur ses propres lois de fonctionnement dans une fuite et à la fois un refus de l’univers des Hommes historiques, peut apparaître comme le signe majeur de l’idéologie de la littérature en pays occitan » dit celle de Philippe Gardy.

Il est émouvant de voir apparaître les prémices d’une vocation littéraire mais pourquoi le choix de cette langue minorisée de la part de ce jeune adulte si peu politisé ? Michel Miniussi dévoile son tempérament d’écrivain, envisageant presque semble t-il la littérature comme voie de salut en pèlerin discret comme pour cultiver sa distance à l’égard du monde, son jardin secret.

« Depuis trois mois déjà, ils fuyaient », ainsi commence ce texte de jeunesse évoquant dès la première page l’église de Vallauris, des figures maghrébines et le marché, le tout pris dans une ambiance onirique. La langue est claire, un provençal bien charpenté, maitrisé mais laissant parfois se prendre dans ses filets quelques mots d’un dialecte voisin, le languedocien comme « espiar » (plutôt qu’agachar )ou « somiar » (plutôt que pantaiar) ou encore le suranné « antau » en provençal et non ansin, populaire dans le provençal parlé à l’époque, tout ceci dans une tradition bien lafontienne. Il s’agit de dériver en rêverie, une divagation où la parole dans cette langue qui se déchire s’ancre en un lieu, « j’ai assez eu cherché pour ne pas trouver. Je m’étais noyé en un jeu de miroirs. » dit-il.

Michel Miniussi poursuit son road-movie pas très loin, Mouans-Sartoux, Grasse, cette Provence si peu présente habituellement dans la prose occitane.

« Dire, tout est là. Le restant se perd au dehors. Je crée en ma tête. Je donne forme à des images qui courent. Je les attrape lorsqu’elles sont fantômes juste nées dans les labyrinthes de mon cerveau. »

Le jeu littéraire se poursuit, volontiers baroque, diapré de prose poétique, nimbé de petits clins d’œil d’érudition avec toujours cette délectation de faire marcher la langue à travers la découverte d’un micro-espace issu d’une connaissance approfondie. Parfois, il conviendra de regarder sous le pli du voile diaphane. Dans « Quauquei fugidas », Michel Miniussi nous invite à moment donné à une sorte d’école buissonnière où comme des gosses espiègles nous quitterions les sempiternelles pesanteurs du réel.

« Le pays ne mourait pas, il oubliait sa propre vie, s’abandonnait. Les brumes matinales effaçaient les formes. Les gouttes de rosée, en suspension aux feuilles et aux branches, étaient aux couleurs un être plus puissant et finalement pas seulement rêvé, fantasmé. »

 

Il y a aussi parfois comme l’écho d’antiques moments de volupté jusqu’à l’impudique, la langue le permet : « Quelques heures ont passé et le soleil a baissé suffisamment pour que l’ombre noie tout, que le froid se fasse sentir sur les peaux trempées d’unesueur nouvelle. Ils se sont habillés à nouveau, se sont retirés les feuilles des cheveux qui les faisaient ressembler à d’antiques divinités agrestes. »

 

Tout fait ventre dans cette prose post-adolescente où culture savante et culture populaire s’entrecroisent : au détour du chapitre « le rat », surgit soudain une de ces devinettes que les paysans adoraient lancer à la cantonade, lors de la veillée ou aux moments de repos : « Qu’est ce ? Qu’est ce que c’est qui est labouré mais où la charrue n’est jamais passée ? »

Pour conclure même si l’on a conscience que souvent il use de la langue d’oc comme d’un paravent, il est très émouvant de se rendre compte qu’à la façon de Frédéric Mistral dès l’écriture de Mireille, il nous livre ici ses premiers émois dans une phraséologie en quête de lyrisme, mais un peu balbutiante :

« Le soleil qui avait baissé le poussait en avant et le rouge du ciel se mêlait sensuellement aussi à celui des lèvres qu’une jeune femme lui offrait, par les portes, en ses bras. Qu’il s’abandonne à sa volonté qui dès maintenant prenait le gouvernail, sur son lit couleur sable si doux. La danse de leurs corps se prolongeait, avec l’éparpillement de ses vêtements comme nuée de corneilles en sa chambre, se mettant en sourdine leurs voix d’étreinte en étreinte et de souffles mêlés se tarissant au plus profond, refusant l’incongru de leur rencontre. »

 

Il est troublant donc et encourageant de lire ce texte d’un jeune homme des années 70 s’élançant avec ferveur dans le sillage des plus grands prosateurs d’oc, une voix fauchée trop tôt qui commençait déjà à trouver son chemin dans sa quête de maturité et son cap déjà bien défini, une voie qui sera parachevée avec « Lei passatemps ».

Publicité
Publicité
27 juin 2016

Nerto, un perfum mistic

DSCN4035_1_

Quand Nerto es publicada en 1884, es un pauc en còntra-ponch : siam au bèu mitan de ce que se dirà "la Belle époque", un temps d'inchalhença, de fe avugla dins lo progrès que lo positivisme l'i senhora e que lei radicaus-socialistas  tenon l'empenta politicament en seguida a Mac-Mahon emai d'aquò aquesta òbra de malanconiá poetica naseja après un desenau d'annadas de tartarinadas qu'an fach miranda dins una certana bòna societat parisenca que se trufava ansin dei fanfaronadas deis gens dau Miegjorn. Adonc, farà gaire d'estampèu lo poèma !
En 1883, Mistral a 53 ans quora parla de l'escritura entamenada de sa Nerto dins una missiva mandada a n'un amic (Victor Colomb), l'i ditz que li venguèt "l'idèa d'un noveu poèma de pron lònga alenada en vers octòsilabics, d'un biais familhier mai sempre poëtic..." que Nerto es a l'encòp lo pichòt nom d'una joventa e lo nom d'una planta, d'aquelei que trevavan lei manescrichs de la començança dau segle 15en monte lo plantum fasiá flòri per curar lo mond. Ansin, es l'artemisa que serà evocada dins un tèxt de 1422 clafit de recèptas per se sonhar amb de plantas, de recèptas d'alquimia, de meteorologia o tanben d'autrei per lo bestiari (recèptas veterinarias). Lo tractat comença ansin per nos metre dins lo bolh d'aquesteis escrichs dau temps de Nerto :
"Aquesta premieira erba a nom artemiza car aquel que permieirament a trobat aquestas erbas avia nom Arssemis. Flors. Se voles ben purguar la flor de las donas, pren arsemysa e coy la ben en aiga, e beu d'aquelha aiga ben cuecha e begua ne soven."

Quora Nerto es publicada en 1884, Frederic Mistral es benlèu un pauc sus la davalada, en cèrca d'una mena de respectabilitat, s'es maridat l'a 8 ans mai a totjorn pas d'enfant, es vengut conselhier comunau, s'es fach bastir son ostau pròche aquela de sa maire e tanbèn tot bèu just, sa paura maire Delaïda defuntèt en 1883 dau temps que son òbra èra en trin, Delaïda qu'èra tant fiera de "son rei" e que l'apasturèt tre son enfança promiera d'una extraordinaria oralitat amb de tot plen de continas, de legendas e de cançons.

Parlar d'aquesta pichòta "Nèrta"  que vei son retrach coma en rebat, Narcisse au femenin, dins una paja dau Breviari d'amor,

« Uno poulido vierginello,

linjo, bloudeto e pallinelllo,

L’iue blu, la bouco de carmin,

Tebènt un brout de jaussemin »

Nèrta, novèla eroïna de F Mistral e novèla "vierge que fugís" per reprendre lo flame mot de Carles Mauron, tant coma avans l'i aviá agut Mirelha de segur... es dire promier l'èrba que l'i es associada tre l'Antiquitat, èrba ligada a Vènus que sei fruchas an gost a genebrier mentre que sei fuèlhas senton lo romanin, la nèrta usada dins d'unei rituaus d'initiacion ligats au culte de Dionisòs ont d'iniciats ne'n avián lo frònt coronat, çò semblariá. Dempuèi de temps, la nèrta adonc carreja sa carga simbolica ò sa carga de mascariá (segon leis avesques) e subretot dins la tradicion judièuva : perfumada e pasmens sensa fruchalha que se manjan es lo rebat dau mond saberut (amb son perfum) mai d'un mond que se desinteressan dei bòneis accions (amb lei fruchs). A tanbèn son usança en farmacopèa.
Au commencement èra lo vèrb, lo vèrb e la messòrga... lo bofe poetic, lo chale doç en filigran de lònga bota emai lei remòrds sulpicians amb aqueu bogre de diable que vai desenant trevar l'arma de Frédéric Mistral. L'a dins Nerto comme un desdoblament de Mistral, poèta espalancat pecaire, amb un pessuc de fosc maugrat la sembla volontat sulpiciana : Mistral a son atrivament per lei vierginetas, "persègues dobles e pas encara madurs" bota es mai que mai en cèrca de respectabilitat. Se podèm demandar de qu'es son interest per Diable ? La cultura crestiana qu'atraversa Nerto amb la paur que ròda es de l'anciá de la damnacion qu'èra la pèira angularia de tota educacion crestiana a passat temps...
Nerto  es bèu promier una bòna bassacada poetica amb l'enanar d'una astrada de drolleta : tre lo començament, lo diable es evocat (e devers la fin amb Rodriga coma encò d'un roman sadian, aurem la possibilitat de dintrar dins son castèu ont vendrà Nèrta perèu atrivada per seis enluminacions) e pasmens l'a lo mistèri d'aquesta question dau salut e dau sens de la vida qu'atraversa lo poèma, òm s'avisa lèu que dèu èstre una question que tafura lo poèta. Amb l'enanar de la malastrada que se jòga aquí, l'òrdre desvariat amb una puta de malediccion genealogica que fai mestier de ne'n desnosar lo cabudèu. Dins Nerto, lo destin tragic ven pas de ce qu'a fach d'esperela la chatoneta, de son libre-arbitre :  sa puta fin es estada pestelada per un pecat peirenau, boai ! Lo determinisme ven d'una fauta que ne'n pren l'eiretage a brand  dins lei bregas : son paire l'a venduda au diable en persona un ser de desbaucha, e voei, a pachejat emé lo diable. Mistral pren seis aises, vira l'esquina  a de bòn a la fin'amor dei trobadors. Es luenh perèu dau carmà dei Bodistas o d'aquesta responsabilitat existencialista eissida de la soma deis actes de sa vidassa coma dins la proposicion de J P Sartre...

En legissènt Nerto, nos tornava Mirèio fatalament amb una consciéncia de l'encaminament mistralenc a rappòrt de la possibilitat que dona l'amor coma fòrça per se descadenar emai per demorar dins lei grands tèxts, lo Dom Juan de Molière e la question reborsiera  de son sens morau de la vida, d'òbras de Sade perèu coma lei 120 jornadas de Sodòme ont son toei embarrats dins un castèu que dona d'èr a n'aqueu dau diable, aquest casteu monte lei victimas dei libertins van patir son malan, amb  lei refolèris d'infames pistachiers.
Es que Nerto a passit amb sa chatoneta que s'embarra au convent, sa scena de miracle ? Per dire lo verai, la question dau salut de l'arma sembla que se pausèsse pus gaire dins nòstre mond descrestianizat e de segur que Mistral coma l'avèm dich vira l'esquina a Guilhèm de Peitius o meme a Ovida qu'èra estat reprès dins lo roman medievau anonime Flamenca. Son chale en ofèrta pasmens nos pipa emé sei "vers galòis e familhiers" en lenga nòstra... Siam dau costat d'Avinhon dau tèmps dau schisma de la Papautat, sota Benesèt 13 adonc au siecle 15en en sa debuta.
Aicí, Mistral qu'èra un pauc pistachier va fau ben dire e que trevava gaire la glèisa lo dimenche, fai una òbra d'inspiracion catolica coma la d'un qu'es en cerca de notabilitat. Es pas passit son tèxt car demòra pasmens l'artista dau bofe esplendide, tot plen de creativitat mai que podèm plus onestament descurbir se demoram la clòsca pestelada d'un biais maniquean amb l'imatge calhat d'un poèta qu'auriá derivat dau costat de l'ideologia maurrassiana ce qu'es faus. Tre 1870, verai qu'es vengut conservator e sembla catolic bota d'una fe monte lo diable d'espereu vanega, bessai d'una fe un pauc regda a bèus uelhs vesènts, lou saume de la penitencio (lis isclo d'or) n'en balha un ressòn trebolant tre 1870 :
"Segnour, à la fin ta coulèro
Largo li tron
Sus nosti front ;
E dins la niue nosto galèro
Pico d'à pro
Contro li ro."
Dins Nerto, pudicament, de la crosada albigèsa o dau catarisma, Mistral ne'n parla plus : sa fe crestiana sembla pas mancó mirgalhada d'un brison de catarisma e pasmens la crosada se debanèt quauquei decennias avans lo temps dau poèma. Siguèt evocada dins Calendal, una òbra que foguèt gaire ben reçaupuda que Mistral èra estat acusat de separatismat, bèu promier per Garcin qu'èra estat son amic, que prenguèt part benlèu a la creacion dau Felibritge, emai per Zola a la seguida. Après l'estrambòrd qu'aviá sucitat Mirèio a Paris amb l'ajuda de segur de Lamartine, fau ben dire que seis òbras seguissèntas avián pas fach tant d'estampèu notament Calendau. Mistral es espalancat, amar, de còps masochista : lo chale, l'estrambòrd, l'amor semblan de li faire paur e la possibilitat de s'embarrar per fugir una malastrada, es l'esclaire. Pòu venir la solucion, astrada de santetat.
Escriu tre la començança aquelei vers en favor de la fe que n'an tant parlat après d'uneis de seis amics e que fai targa au dobte qu'es pasmens la sau de l'èime per tot plend'intellectuaus de son temps :
"Crèire, coundus a la vitòri.
Douta, vaqui l'endourmitòri
Ela pouisoun dins lou barriéu
E la lachusclo dins lou riéu.
Un cop que l'aigo es enchusclado..."
Lo poeta a de segur tanbèn lo remembre d'una pichòta vesina dau Mas dau Jutge, trevada dins l'enfança, una de Malhana  que li voliá de ben, que n'èra venguda amorosa pauc a cha pauc après qu'ague cargat sa raubeta. L'aviá refusada lo Mèstre. S'èra embarrada alora agolopada de tristessa, ela, coma monja, escalustrada dins lo regde patiment, enclaustrada avans de morir quauqueis annadas puèi...

Dos elements arqueològics eissits de Crau e de Gard, doas anticas pèiras tant se pòu dire an mandat lo lèc, abrivant l'imaginari de Mistral devers l'escriure, devers lei camins malaisats dau processus de creacion : la lèbre dau Pònt dau Gard e la Morga. La lèbre a ren d'una lèbre de segur, es puslèu un element itifalic esculptat sus lo pònt, rapresentant Priapa coma per sovetar lòngamai a l'edifici qu'a d'alhors ben atraversat lo temps (en acarant lo còp d'aiga de 1988 dejà !). Fai partida d'aquestei simbòles priapics coma se ne'n vei un pauc d'en pertot dins l'Antiquitat romana, a Pompèi per exemple es una fresca amb un falus dessenhat a l'intrada de l'ostau dei Vetii, puslèu aucelàs qu'aucelon, un simbòle qu'a ren de gorrin, ren d'obcene bota que serà guinhat dau det fatalament  per la capelanha. Venon d'una antica supersticion a l'entorn dau culte dei divinitats generatriças per sovetar lòngamai au bastiment... Omo erectus !
"Quand bastiguè lou pont dóu Gard
Lou prefachié dóu mau regard
S'èro reserva pèr soun conte,
La proumiero amo, dis lou conte,
Que passarié sus lis arcas."
La legenda de la lèbre evòca donc un prètzfachier qu'a fach pache amb lo Diable dau temps que se bastiguèt lo pònt dau Gard. Lo diable s'èra reservat per salari la promiera arma que passèsse sus leis arcàs... bota per l'i faire rebuta, au darnier moment, l'i bandiguèron una lèbre... Lo diable alòr ne'n faguèt una brava bèba ! Ansin, la lèbre s'empeguèt sus lei queirons de la muralha.
 "Vous souvèn pas de la sourneto  que nous fasié la menineto ?"
Delaïda Polinet, la maire dau poèta emai sa grand  se regalavan de l'i dire de còntes e de legèndas, l'avem dich, quand èra pichòt, veniá d'una raça de poètas de campèstre, pacans mai inchalhents qu'acampaires coma l'èran puslèu dau costat Mistral paire  (li cantava dins son enfança promiera :
 "Quau es mort ?
Jan dóu porc.
Quau lou plouro ?
Lou rei mouro..."
Es ansin qu'a ausit aquesta "sourneto" e que farà un poèma de voler fòrça crestian amb pasmens un antipape se legissènt ben tot e en partènt dei cultes dichs pagans. Autra pèira antica donc : la Morga qu'es una pèira levada antropòmorfica que data benlèu de la fondacion de Marselha a pòusita e que representa una divinitat ligada tanbèn a la fegonditat (d'unei cercaires an dich tanben que podiá èstre un priapa gallò-roman que siguèt enmasculat après) una pèira levada que Mistral n'a ausit parlar tre l'enfança, la Morga,
"cette pierre, ce bloc énorme à forme humaine, sur lequel on sévit les intempéries et les siècles existe toujours et toujours intrigue archéologues, historiens, savants en général, curieux d'ailleurs et surtout Provençaux. On l'appelle en effet la Mourgo dans notre langue -la Nonne de Laurade dans les savantes Statistiques  comme celles des Bouches du Rhône du Comte de Villeneuve (1824)... Bien avant dans le temps, en 1025, le Cartulaire de Saint Victor, de Marseille, la nomme PETRA-MONICA in agro Rupiano (au territoire de Roussan) et l'état descriptif qui cite la pierre la dit : "Borne très ancienne, peut-être romaine, qui a l'apparence d'une statue de religieuse. L'opinion la plus commune est que ce monolithe est une ancienne divité païenne" " nos ditz Marie Mauron dins "Légendes du triangle sacré". La Morga es ara dins la zòna periferica de Sant Esteve dau Grès, precisament au pargue de Laurada. 
Tot comença adonc amb lo riche baron de Castèu-Rèinard, Pons, paire de Nèrta, que vendrà, una nuech de folastritge après nòu jornadas de drilhança , l'arma de sa pichòta. Pons es agantat au galet per sa passion dau juec . La vendrà au diable en persona, un pache que se dèu complir 13 ans après lo jorn de sei 16 ans. Vaici ce qu'en diguèt totjorn Marie Mauron dins "Légendes du triangle sacré" :
"on mange, on boit, on paillardise, on joue dans une frénésie croissante. Pons perd, perd toujours, persévère, rendu fou par la malchance et le désir aveugle de se rattraper. Impossible. Il perd toujours jusqu'à dit-il :
"Moun esparvié,
moun cavalin, mis óulivié,
moun mantèu rouge de Flóurenço,
Tóuti mi colo de Prouvènço,
Moun devèns de Castèu-Reinard..."
S'en retournant, de nuit en son manoir, dans un cataclysme subit, le Diable l'arrête, lui offre tout l'or de la terre, la satisfaction des désirs, des vices dont sa chair et son coeur sont hantés, non en échange de son âme qu'il possède déjà, mais de celle de Nerte, sa fillette..."
E Mistral nos fai un retrach ben ambivalènt de Satan que sembla pas lo laissar de peira a bèus uelhs vesènts (siguèsse ancar trevat d'aquesta cremeson solari d'un paganisma qu'assajèsse de contenir ?)
"Lou diable es un coumpaire gai.
Au mes d'abriéu, sus lou margai
Cerco li danso fouligaudo.
Lis escoundudo, la man caudo,
Lou jo d'amago-que-tu-l'as,
Fauto de mies, ié fan soulas.
Lou galoubet, la carlamuso,
Acò l'atiro, acò l'amuso ;"
Gaire de temps avans de secar, lo vielh Pòns se carcanha e revela a Nèrta la terribla malastrada qu'es sua culpa. Nèrta qu'a agut una educacion noirida de l'ensenhament dau Breviari d'amor se ditz que pasmens n'i a un benlèu, lo Papa en Avinhon que podriá benlèu l'ajudar e l'i permetre d'escapar a sa malastrada. A l'astre de poder passar per un soterrenc secret que mena de Castèureinard fin qu'au Palais dei Papas, un soterrenc qu'a sa realitat mai qu'es ara tapat. Ailà en Avinhon, Nèrta rescontrarà lo capitani Rodriga qu'es lo nebot dau Papa en persona e que li farà rescontrar l'Autisme. Cu es aqueu Rodriga ?
Un sodard gorrin, una santa arma ? Lo dobte naseja. Aqueu vai li permetre d'escapar ais arpas dau diable ? Va veirèm ! Declara son amor a Nèrta e li ven qu'una solèta causa li pòu permetre d'evitar sa malastrada, es l'amor !
"Sabès quau pòu gibla lou Diable ?
I'a que l'amour. E qu'es l'amour ? ...
L'amour es un bouquet au sen
Faguè Roudrigo, es un calice
D'ipoucras pur e de delice !e nais."
Lo Papa tant presènt dins Nerto es Beneset 13, lo darnier Papa, valènt a dire Pedro de Luna, un antipapa que sent a sòupre a bèus uelhs vesènts. Aquì poncheja l'atrivament mistralenc per lei pensadas divergentas. Se Mistral fai una òbra sulpiciana, ata pasmens s'encamina dins la dralha dei antipapas d'Aveiron (qu'avián tant esblèugit lo Joan Bodon) coma per afortir que demòra una glèisa a costat de la glèisa romana, una qu'es pas tant gastada qu'aquela de Roma. Ansin, son crestianisma sembla plus tant inocentament catolic. Fau saupre coma va disiá Max Roqueta en 1965 que lei Papas d'Avinhon siguèran de granda ajuda per la cultura. Avián fondat d'universitats, aparat lei judièus sota l'Inquisicion.  "Ils étaient enfin mainteneurs de justice, du droit et surtout de l'unité de l'Eglise, synonyme en ce temps d'unité de tous les hommes. Et l'on peut manquer de songer sur ce point à la figure shakespearienne de celui qui futle dernier Pape d'Avignon, Pedro de Luna, Benoit 13, le Pape Lune. Sa vie ne fut qu'un long combat pour réaliser autour du trône de St Pierre le même but que poursuivit vainement Dante, l'exilé de Florence (le Pen Cub avait organisé un colloque avec pour thème la Divine Comédie), l'unité et partant, la paix des hommes. En bon héros tragique, il succomba à la sottise, à l'égoîsme, à l'ambition des Princes, à la cautèle des clercs, à l'indifférence d'une masse aveuglée de fatigue et de souffrance. Sa longue vie, son règne de 28 années commencé presqu'au bord de la réussite -alors que toutes les Cours d'Europe étaient présentent autour de lui et le Collège des Cardinaux légitimes le soutenait de sa foi et de son labeur- ne fut qu'une marche continue vers la solitude absolue qui précède la mort et que la mort seule peut consoler." (Max Roqueta)
Nèrta adonc, son ensenhament es en ren de fin'amor, li ven dau Breviari d'amor :
"Ah lou bèu libre ! Menciounavo
En chasque vers que degrunavo,
E lis aucèu e li peissoun
E li bestiau qu'en terro soun ;
E li vertu meravihouso
Di planto, di pèiro preciouso,
Lou safir, la pèiro d'eimant..."
Aquesta enciclopediá, escricha per un monge de Besièrs, Matfre Ermengaud, franscican saberut, es la soma dei coneissènças de la pontanada, òbra d'erudicion començada en 1288 après lo calabrun dei trobadors tot bèu just, a n'aqueu moment ont lei darniers trobadors an cantat pusleu  la Vierge Maria que l'aimada. Coma per l'òbra de Dante d'un autre latz, es un tèxt de rompedura a rappòrt de l'erotica dei trobadors : se Guilhem de Peitius es benlèu citat, lo Breviari vòu despassar la lirica dei trobadors, fatalament. Aquí non se parlarà  de vers de drech neient, dau gat rós o dei doas cavalas de Guilhem qu'es estat escomenjat per lo Papa... Au siegle 14en, de poètas sensa vergonha avián représ de cançons trobadorencas per se ne'n trufar parodicament. Lo Breviari d'amor es un manescrich magnific en 4 partidas que dona d'er a n'un aubre metaforicament, un aubre d'amor en l'onor de la fe crestiana. I son mes en scena poëticament lo saber filosofic, essencialament crestian mai tanbèn de coneissènças scientificas de la fin dau 13en e d'en pertot lo Crist li senhoreja emai la savièsa, la sapiéncia. La pluma d'Ermengaud parla au nom de sa fe. Quora se parla de l'amor, Dieu es gaire luenh e tanben la nicion de pecat. Sa pluma es pas la dau Monge de Montaudon, pluma en dualitat erotisanta, puslèu es au servici d'una compilacion de coneissènças d'aqueu temps, se l'i tròba lei vents que bofan en Provènça, lo maestre bèu promier que donarà lo mistrau, (p 86) "lou fourmidable maïstrau" que Mistral a représ dins lo poèma, mot trebolant per lo poèta qu'a aquest meme patronime.

Quora Rodriga acaba sa declaracion d'amor per reprendre lo fiu de l'istòria, Nèrta espincha subran a la paret lo grand crucifix que li rapela lo sens dau dever, son sacrifici, lo fach que dèu renonciar fatalament a l'amor e donc virar l'esquina a Rodriga. Passa que t'ai vist ! Pasmens, lo país es pichonet entre Aupilha, Ròse e Durença, ansin, gaire de temps plus tard, lo rescontrarà mai en camin devers Arle lo Rodriga qu'es a la seguida de Lois 2 e de sa nòvia a mand de se maridar. Nèrta ela es a mand d'èstre confessada per l'Autisme en persona que li donnarà lo consèu de s'embarrar dins un convent per faire targa a son negre destin. Nèrta ditz de vòc, prendrà lo vèu a l'abadiá de Sant Cesari, es clar per ela. Pasmens, Rodriga quicha mai, la vòu e li ditz en camin que jamai de la vida, lo convent la podrà aparar deis arpas de Lucifer, lo diable l'anarà quere ont que siágue ! Mai Nèrta a promés au Papa, son oncle, la renonciacion, es en cèrca d'un improbable salut. Après lo maridatge dau rèi a Sant Trefume, festejan aquò amb una batèsta dins leis arenas arlatencas entre un lion, lo lion d'Arle e quauquei braus. Nèrta es convidada, es a l'onor, pròche lei nòvis, just dessota. Dins lo combat, subran, lo lion ferit sauta devers ela. Aquí, Rodriga, tal un sant Miquèu acarant lo drac, s'abriva per tuiar lo lion d'Arle que l'amenaça, lo tuia d'un còp d'espada. Nèrta es estomagada e pasmens, dèu dins gaire prendre lo vièstit a Sant Cesari coma ne'n faguèt la promessa. Lo Papa Beneset presidarà d'esperèu la ceremonia.
 "Pèr èstre santo, Dièu m'apello".
Nèrta prononcia sei vòts, se dona a Dieu en s'embarrant ad vitam eaternam, lei cisèus la van tondre coma bediga avans l'amontanhatge e Robert Lafònt a sotlinhat dins Mistral ou l'illusion coma Mistral a mes en avans dins son dire aquesta scena d'una vioulencia masochista per un grand sensuau coma èra. L'i fan prometre castetat, obeïssença e pauretat, sa vidassa s'empèira : la monja ven morga, se dona en ofèrta a Dièu tot poderós. Rodriga a pas renonciat a Nèrta v'eu pasmens e v'eu acompanhat de sei colègas sodards van a totei zuèrtas desfonsar l'intrada dau claustre. Fan un chaple e d'unei desbauchats atacan lei morgas. Rodriga aganta promier la pichòta e la mena ais Aliscamps avans de tornar a la batalha amb sei companhs. Ansin la laissa pròche lei tombas. Quora s'entornarà Rodriga, Nèrta aurà fugit avans de trevar lo campèstre soleta puei de s'enfugir dins un bòsc ont rescòntrarà un ermite en cu cònta tot. L'ermite li rapela ce qu'es la lei crestiana, ce que dona la fe puei vaquí la scena miraclosa coma va farà puèi Claudel dins l'annoncia facha a Maria ò Pasolini dins son estranh Teorem que s'acaba amb la serviciala s'enaurant en santetat en dessus dei teulissas. Es la venguda de l'angel Sant Gabrièu, lo miracle. Eu ven noirir l'ermite chasque jorn, li dona son pan quotidian e s'avisa lèu, estabosit de la presència de Nerta ai costats de l'ermite que l'es pus vertadierament lol.
L'angel l'aleiçona, reguinha e li ditz qu'es voat a la solesa per son salut e que Nerta deu s'entornar tot d'una au covent. Avans, l'ermite a evocat polidament la creacion en observant una òbra de la natura que n'en a fach una metafòra :
"Espincho aquelo mouissalino
Que dins l'espaci remoulino !
Un rai d'amour e de soulèu
l'a facho naisse; aniue belèu
Aura coumpli soun eisistènci..."
Rodriga d'un autre latz per reconquistar Nèrta pacheja amb Lucifer coma son doble l'antic pretzfachier dau mau regard de la sorneta (e benlèu Mistral eu meme, lo pistachier de la còst-a plena, quora trevava d'endrechs de plaser desconselhats formalament per lei capelans), Rodriga a pas perdut l'estèla... pacheja amb Satan, Rodriga vanega quora d'un caire, quora de l'autre mai aquí, vai devers la negrura... Ont resquilha lo nebot dau Papa ? Es pas clar per aqueu que legís Nerto, es entre doas aigas, la pichòta  saup ben qu'ais arenas l'a sauvada eroïcament, es estat son sant Miquèu, Nèrta a fisança d'eu, saup que l'aima, se sent ligada per l'eternitat bota saup pas qu'a fach pache diabolic. Es en trantalh, saup pasmens que se pòu enganar. Son ara toei dos dins lo Castèu dau diable, (deriva devers lo Marqués de Sade encò de Mistral ?) e lèu, Satan vai pareisser per demandar sa preda. Nèrta bassacula fatalament devers l'amor. Embarrament o libertat ? Amor o salut ? Es aquí que Mistral desgruna lei set pecats capitaus, promier :
"Prince di sèt pecat moutau,
Règno l'ourguei dins la proumiero :
L'encèns, aqui, de sa fumiero,
Ennivoulis lou rai dóu jour."
Es dins aquest membre dedicat a l'orguelh que convòca la figura dau trobador e podèm imaginar que lo mèstre, un pauc trobador dins son siecle fatalament, renega aici l'ilustre passat literari amb d'unei cançons entre lei plus arderosas dau fin'amor medievau. Pasmens tre l'acomençança de Nerto, lo mèstre evòca amb un brison de languiment l'edat d'aur de la lirica occitana que s'es enfugit desempuei la fin dau siecle 13en :

"Ero passa lou tèms de joio,

Lou tèms d’amour, lou tèms de voio

Onte venien casteleja,

Dire de vers e galeja

Li Troubadour ! Lou manicòrdi

Bandissié plus soun dous acòrdi

A la lugano de la niue."

Vaquí lo pendis masochiste de Mistral, (eu e seis amics de còps son estats accusats per lei capelans de metre tròp de chale, tròp de sensualiat dins d'uneis òbras coma lo paure Aubanèu quand pareguèt "la mièugrano entreduberto"), fai targa a la figura trobadorenca, aguèsse pogut s'identificar a la "mesura" per exemple mai nani !
A la perfin de la fin finala, Rodriga vai acarar lo diable, lo nebot dau Papa vòu pas que Nèrta tombèsse dins sei rets. Faire rebuta au diable ? Impossible, fatalament. Rodriga e lo diable s'aprefondisson dins lo castèu maudich que s'escranca. Dins la scena seguissènta, l'angel vendrà ensenhar a l'ermite que Rodriga e Nèrta son ara en Paradís e Nerta aicibàs s'es empèirada. Es venguda la Morga ! Lo destin se complirà ribon ribanha coma per l'Oedipe, fatalitat de la malastrada.
Rodriga, doble mistralenc ?  Es benlèu ambigu, vanegant entre ben e mau tant coma vai lo molin, lo brièu de la vida, reverta lo principi dau mau que se mescla a totei causas un pauc coma aquelei panturlas de Marselha en 1943 dins lo barri reservat qu'escondián un pichòt judièu maugrat sa vida infama, gaire de temps avans que lo barri siguèt rasclat en janvier de 43...
Un còp de mai dins l'òbra mistralenca, retrobam amb aqueu personnatge, es recurrènt, una mena d"'òme alobatit" coma l'Ourriàs, demandaire de Mirelha qu'a ferit Vincent, son rivau emai lo Severan de Calendal, aquest òme alobatit tendut devers sa pulsion de brutalitge, son instinct de masclàs dominant que vòu bailejar en usant de còps de la fòrça coma mejan. E podem sonjar a n'un ressòn eventuau amb lo biais de faire dau paire François Mistral, lo partiarche que senhorejava au Mas dau Jutge. Dins la correspondancia de Mistral joine, nasejan de confidéncias a Romanilha ont lo poeta se planhe de la pigresa de son paire. Coma èra vertadierament la relacion entre Frederic e son paire ?
Coma se passèt quora Frederic Mistral après la fin de seis estudis e maugrat qu'ague agut son diplòme d'avocat prenguèt la decision de fin finala jamai plaidejar ? E amb l'istòria d'amor entre Mistral e Magdalena, la serviciala dau mas...
Ben e mau son entrebescats tanbèn encò de Rodriga tant coma au dintre meme dau palais dei Papas.
Mai luènh dins la tragedia, a la fin dau tèxt, s'avisarèm que lo Palais dei Papas es tanbèn l'endrech ont lei libres defenduts son embarrats e es aquí que Rodriga, lo nebot dau Papa a pogut legir e s'es apasturat de tota la frucha defenduda, l'escrich que sentis a sòupre :
"Roudrigo , aro pasmens fau dire,
Maugrat l'eicès de si delire,
Maugrat si vive tourmentau,
Ero lou fièu d'un bon oustau
E generous de sa naturo.
Mai, embarra pèr aventuro,
pendènt quatre an e vounge mes
Dins lou palais dóu Papo, e mes
Pèr Boucicaut à l'esquichèti,
Dintre l'enuei d'aquéu long sèti
Avié furna la librarié
E ressegui fin-qu'au darrié,
Dins lis archièu tóuti li libre.
Or lou palais èro lou cibre
Onte lou pensamen uman
Venié se móuse de dos man."

Mistral s'adreiça au lector dins l'epilòg en evocant la Morga, la pèira levada de Crau verda, valent a dire Nèrta ara empeirada, son arma, empeirada davans la fòrça dau mau :
"Dins l'emplanado meissounenco,
Veiras la Mourgo peirounenco,
De l'infernau e de si tron
Pourtant la marco sus lou front :
Mudo, plantado coume un terme,
Escouto greleja lou germe.
Voulènt cerca'n pau de fresquet,
S'amagon dins sa vestimento
Embausemado pèr la mento."

Cu es lo diable ?
Un portaire de lutz que s'encamina quasi en santetat, sorgènt d'una memòria a mand de s'avalir, un que siguèt soventei fes lo non comprés de son mond, subretot au vilatge, un que resquilhava luenh davans... coma dejà dau temps de l'espacejada de vèspre a Malhana amb sa molher pasmens, ela qu'èra a cent metres darrier. Mistral, tapat de son mantèu, ben agolopat de son mantèu enneblat d'amarum, de glòria passida e de solesa, tirassant son "sac de garris"... Aquest òme ermite que s'encaminava en gosta solet meme que siguèsse acompanhat de sa fema o de son fidèu "Pan perdut".
Fatalement, de Mistral ara, l'òbra s'escafa. Lo Mèstre recampa plus lo molon, bota sobran de noms de carrieras, d'estatuas mai o mens ablasigadas dins una passa malaisada. Mandarem un salut forever per son ambicion intelectuala imensa emai son bofe de poesia tant poderos e direm mai lo pantai bercat e la cremadura solaria d'un infinit paganisme !

Mistral a portat pèira, una bela clapa au clapier. Lo diable pòrta pèira, de segur qu'ara se pòu comprendre a mai d'un niveu fatalament  :
-lo principi dau mau carreja tanbèn dins sa part sorna lo bastir dau mond
-au segle 13en, lei bastissèires de catedralas, companhons de còps, de la fe benlèu mau segura, pasmens èran au servici de sei balhaires d'òrdre, aquelei de la santa glèisa
-Provença de vuèi nos pareis ben empèirada fin qu'a son sigle PACA que carreja sa tecnocratica desumanisacion
-la pèira es tanbèn lo queiron obcene, tant impudic ais uelhs dau catolic, lo simbòle priapic, figura gorrina tant presenta encò deis Ancians per dire lòngamai, pas mai
-se regussam lei causas, la capèla de Sant Gabrièu s'es empeirada subre lei sobras d'un santuari pagan coma se ditz
-Mistral d'espereu èra soventei fes en trantalh dins l'enanar de sa vida, amic a l'encòp d'un Romanilha catolic integriste, Bonaparte Wyse, un fraire republican o lo jove Carles Maurràs que vendrà lèu federalista e reialista, fondator de l'"Action française", e amb sa granda sensualiat de poèta, tot aquò lo menava de còps devers aquelei venecianas evocadas dins son Pouèmo dóu Rose.
-Nèrta fin finala s'empeirarà, s'enmuralharà en morga davans la fòrça dau diable sensa jamai venir mongèta
-last but not least, es benlèu tanbèn lo diable qu'empèira leis armas davans l'amor, davans la lenga occitana, una fòrça que pòu crestar un imaginari un pauc tròp descabestrat, lenga tròp viuta, aquesta lenga d'òc mai reguèrga qu'una lenga d'estat quand ditz, la vida, l'amor o la mòrt. Coma disiá lo poèta Bernard Noël, d'unei lengas carrejan sei censuras de lexic, sei non dichs dins son oficialitat academica.

Bibliographie :

Livres de Frédéric Mistral :
Nerto
Mirèio
Lou pouèmo dou Rose
Calendau

Editeur : CPM 1966

Essais consacrés à Frédéric Mistral :
Mistral ou l'illusion de Robert Lafont. Editeur Ventterral 1980
Etudes mistraliennes de Charles Mauron. Editeur : Centre de recherches et d'études méridionales 1989
Mistral, mage de l'Occident de Marcel Decremps.  Editeur : CPM 1986
Frédéric Mistral Claude Mauron. Editeur : Fayard 1993
Mistral, l'enfant, la mort, les rêves de Jean-Yves Casanova. Editeur : El trabucaire 2004
Légendes du triangle sacré de Marie Mauron. Edition Ouest-France 1980

Autres livres :
Recettes médicales alchimiques et astrologiques du 15ème siècle Clovis Brunel CNRS. Editeur : Edouard Privat 1956
L'outrage aux mots de Bernard Noël. Editeur : Pauvert 1975

Extrait d'une prise de parole:
Discours de Max Rouquette à Avignon lors du colloque du Pen Club International 1965 (archives du Centre de documentation provençale à Bollène
1 juin 2014

Un salut à Mistral

Malhana 1882, a l'ostau dau lesèrt, lo novel ostau endòrmit de Frederic

D'aquesta nuech d'estiu, sorniera estelada e sensa vent au defòra, montan encara d'auças de sentors enfarigoladas e tiras camin chincherin emé ta Nerto, ribon ribanha : l'infern, la brefoniá te damna, que vidassa... Es ren qu'una tempèsta endemoniada que t'atraversa, que monta au dedins de la clòsca, que s'esbramassa : lo diable l'i ròda, lo que pòrta pèira. Lo diable te la vai empeirar ta Nèrta. Vendràs coma ela Morga fatalament davans la fòrça dau mau... S'es pron lèu ajaçada la molher, ara es a la palha, gaire de temps après lo darnier cant de l'ultima cigala, après sa tisana de telh. Podes prendre tis aises d'aquesta nuech qu'un grilhet sòrtit de son amagador brusís au luenh, gosta solet coma tu. Cant de doçor dau restoble. Lo diable ven, negra es ton arma... que t'enmasquèsse de contunh, lo tipe !

"Lou diable es un coumpaire gai.
Au mes d'abriéu, sus lou margai
Cerco li danso fouligaudo.
Lis escoundudo, la man caudo..."

E Nèrta pecaire que son arma es a resquilhar dins la biaça de Satan a la chut chut, Nèrta que sa malastrada se complirà fatalament coma dins un mite antic. Per dire lo verai, la nèrta perèu èra l'èrba di dièus, precisament di rituaus diònisiacs d'a passat tèmps. Siás entre lis arpas dau diable emé lo perfum dis oras d'escriure que s'enaura inchalhènt, la sentor abituala dis oras vanas. De badas. Plus fier que li fiers, plus umble que lis umbles. Lo diable ròda emai la paur, emai la lebre sus lo pònt, emai l'amor, emai la Morga que se plora dins son prat...
Au començament, èra lo vèrbe, lo vèrbe e lo ferm voler d'escriure, la fatalitat d'una malastrada. Lo vèrbe e la messòrga... Coma un parpalhon acolhonit devers lo lum, tot fai lutz e Lucifer i senhoreja, portèire d'esclaire. T'a agantat. Coma es possible tant vièlh d'èstre totjorn tant atrivat per aqueli chatonètas ? Aqueli vierginètas dau persègue doble e pas encar madur...
Ton còr es plus a l'epopèia, nimai ton dire, adièu Mirèio, l'amor t'es vengut copable, adièu la gèsta de Calendal, adièu a tu, Esterelo, adièu lo cant de fin'amor ! L'ora es au planh, a la negrura, l'ora es au diau : i poncheja ton maucòr desparaulable. Lo mirau dau cant a crebat. Nèrta es en fugida, es aflaquida, venguda vierge encadenada e l'i pòu ren pecaire que dèu pagar l'infame dèute d'un marrit paire desbauchat qu'a pachejat emé lo diable.
E tu... que siás ara reconegut, enfin maridat, que siás vengut conselhier comunau, e tu, gosta solet dins ta poèsia ? As 54 ans e totjorn aquesta cremeson pagana terribla que te secuta, que te bassaca l'èime fin qu'a la mesola. E lo diable ? Ven de cotria emé la fe qu'a nasejat bota es pas tant facile d'escondre lo verai, ta cèrca d'un infinit paganisma... L'i a sempre quauqua ren qu'es totjorn lèst de desbondar. Una vergonha, chale de l'amor e de la poèsia...
Bèu promier, dòs antiqui pèiras an mandat lo lèc, la lèbre dau Pònt dau Gard e la Morga. Te rementas de ta maire e de ta grand que, pichòt, se regalavan de te racontar còntes e sornètas e tu tanben, te siás regalat emé la lèbre dau prètzfachier roman qu'es mai una istòria de diable, de paur e de malastrada...

"Quand bastiguè lou Pont dóu Gard
Lou prefachier dóu mau regard
S'èro reserva pèr soun comte
La proumiero amo, dis lou conte,
Que passarié sus lis arcas."

E la Morga ? Aquesta antica pèira levada que nos veniá dau temps de la fondacion de Marselha e que representa belèu una divinitat feminina, d'aqueli ligadas a la fegonditat.

Avián rason li vièlhs, lo diable pòrta pèira, lo diable qu'es d'en pertot e que carreja tanbèn dins sa part estranja e benlèu sorna lo bofe dau bastir dau mond, lo diable es Rodriga ? Verai que dins lo temps, lo mond bastissèire di catedralas, companhons soventei fes de la fe benlèu un pauc mau segura èran au servici de si balhaires d'òrdre, aqueli de la santa glèisa.  De segur que la pèira es tanbèn lo queiron obcene, aqueu tant impudic dau simbòle priapic, figura gorrina tant presenta encò dis Ancians per dire lòngamai e pas mai.

Que Nèrta s'enmuralhèsse en morga davans la fòrça demoniaca sensa jamai venir mongèta e que lo diable rodèsse per aquí e que faguèsse targa a l'astrada, aquela de l'amor e fin finala de la vida. Es aquí que se complirà sa malastrada coma previst. The devil ! Simpathy with him !

1 juin 2014

Bastir Marseille 2014

 

 

DIVERS 200

Lei drilhanças de Marselha son lo festin dau diable, pecaire : es egau, ara, lei juècs son fachs e tron de padisca, la còla de Gaudin maugrat son marrit bilanç a daverat lei jòias en ramassant encara mai d'elegits qu'en 2009 au novèu consèu comunau. 
Emai d'aquò, lo FN, puta, son arrivats en segonda posicion e an fach una traucada impòrtanta dins lo sector de la Ròsa (l'ancian sector d'Hermier, deputat PC) lei bogres ont a obtengut un cònsol de sector, Ravier e aquò farà mai clantir un triste pecaire...
E nautrei occitanistas, la moscalha, siam amars... Nautrei, aquelei de Bastir Marseille que siam coma de bedigàs...
Segur que podiá èstre una mena d'escomessa d'agantar enfin un o dos elegits occitanistas ais eleccions. Era un pantai, va farèm... E avèm fach chic, mièja-blessuras que siam !
L'idèa èra de reconquistar un pauc de dignitat amb de conselhiers comunaus occitanistas per valorizar la lenga e la cultura d'òc (dins l'ensenhament amb la creacion de calandretas) e de metre dins l'espaci public mai de preséncia de la lenga, dins lei carrièras, a l'intrada de Marselha e dins lei transpòrts. Pantalhaviam d'una Marselha plus occitana, qu'auriá agut tot de l'i ganhar, meme per lei novèus venguts, aquelei  dau nòrd, aquelei dau sud que son en cèrca de travalh, de sòus, d'estabilitat sociala, d'un luèc mens destimborlat, mens "rough" coma dison lei colègas anglofònes, mens rufe. Que la vila se gardèsse sa vocacion de dubertura coma sa memòria e l'allegoria dau maridatge entre Giptís e Protís n'en testimonia. Bastir a vougut en tota umilitat participar ai decisions avenidoiras en intrant amb una ponhada d'elegits au consèu que leis eleccions comunalas nos an balhava l'opportunitat.
De segur que l'occitanisma politic a Marselha penequeja dempuèi un brave moment, quasi anequelit  e l'occitanisma culturau va gaire mièlhs... maugrat quauquei grops musicaus e de cants polifonics qu'auboran naut artisticament e culturalament lei colors occitanas d'un biais esplendide amb tot plen d'estrambòrd e de creativitat.
Avans l'escasença deis eleccions, quauquei mesadas avans lo promier torn precisament, lo candidat dau PS Monsur Menucci es vengut a la Plana per assegurar de son sosten lei militants de la cultura occitana que son gaire espés, pecaire... Bracejava, lo vèrb naut, mancava pas de faire un molon de belei promessas per redaurar lo blason de la cultura nòstra (ajudariá a la creacion d'una calandreta, fariá instalar un paneu en occitan a l'intrada de la vila mai puslèu "Marsiho" que "Marselha" e benlèu pas estonant que siágue  quasi lest de seguir lei piadas de la ciutat mondina, prometiá de faire dindar un pauc la lenga dins lo metrò o lo tram-oai). Benlèu que d'unei an poscut pantalhat d'aquesta passa. Lo president de l'IEO 13, Joèu Bouc, a la seguida, versant a bòrd leis estrambòrds,  faguèt sacher publicament dins la premsa militanta occitanista que personalament, siguèsse un elector marselhés, votariá per lo candidat socialista.
D'un autre latz, per campanhejar modestament, Bastir Marselha lancèt un blòg, convoquèt lei jornalistas de la premsa quotidiana regionala a n'una conferéncia de premsa e subretot demandèt de rdv ai tèstas de tiera dei diferents partits, a n'aquelei dau PS, dau FDG et dau Modem e dins un segon temps tre que sa candidatura fuguèt oficializada a n'aquelei de la tiera de Pape Diouf. Fau remarcar que Bastir prenguèt pas mancó lenga amb la tèsta d'EELV Marselha mentre que leis ecologistas èran d'aliats istorics deis occitanistas e aquò s'amerita d'explicas.
La rason es simplassa : Karim Zeribi qu'a pres la tèsta ara d'EELV Marselha (sensa aver jamai agut de sensibilitat ecologista per dire lo verai, vergonhosament) es ostile a l'occitanisma a bèus uelhs vesènts, va sachèm dempuei de temps. A pres la plaça de François Alfonsi (REPS) en segonda posicion sus la tiera EELV per lei eleccions europencas de 2014 en lo desbauçant. Precisam qu'un Verd d'aquesta fusta qu'insolenta lei caracas dins l'émission "Les grosses têtes", es puslèu un Verd Monsanto qu'autra causa, lo verme estènt dins la frucha, aquò l'i costarà dei vòtz o pusleu costarà de vòtz a sa tiera bòrd que s'es aliat tre lo promier torn amb lo PS. D'un biais estonant donc leis occitanistas son estats totalament mespresats per seis aliats istorics bòrd qu' un capon d'EELV, son eminència grisa, Jean Vincent Placé, faguèt una manipòla sornaruda amb l'estat majòr dau PS a Solferino. Placé placèt ansin l'ancian chevenementista Karim Zeribi coma tèsta de tiera verda, tiera qu'existarà jamai, marrida bolhaca politicarda que fau seguir... Aqueu Zeribi a dejà talament de mandats que fai l'escretar (quand un elegit fai petar la cachamalha a mai de 7500 euros per mesada amb sei mandats, pòu se vòu distribuir de dardènas ais uns ais autrei, lo bogre... e se faire ansin un bòn malhum fondat sus un interest d'argent). Karim Zeribi monta a la tèsta dau partit ecologista en PACA e es un que la justicia comença de regardar d'un er de dos ers, afaire de seguir...
Quora Bastir a començat sa virada dei duganèus, d'unei an respondut lèu e bèu premier, aquelei dau Frònt de Gaucha (tant se pòu dire paradoxalament maugrat lo Mélenchon). Una delegacion de 6 occitanistas marselhés (amb Pèire Costa dau Partit Occitan, de l'ajuda mai qu'eficaça, una rapresentanta dau jornau "Pouvenço d'aro", sòci dau Partit Occitan perèu d'un autre latz e tot plen de sòcis de l'Ostau dau País Marselhés) a agut la possibilitat de debatre d'un biais dubert e calorós, amb tot plen d'escota de la part de Monsur Coppola, baile dau PC, dau sorrire de gat : Bastir a evocat son projèct pendènt mai d'una ora e sa volontat de faire nasejar au mens un premier elegit occitanista. Quauquei setmanas après lo rescòntre, siam estats avisats qu'elei èran totjorn ok per nos metre sus sei tieras bota en reservant lei plaças eligiblas a sei "camaradas", ges de suspresa.
Bastir aviá tot plen d'esper tanben dins la possibla entrevista amb Monsur Menucci, tèsta de tiera dau PS-EELV, subretot a rappòrt de sei prepaus encoratjants a la Plana e perqué un de sei pròches èra un ancian calandron. E pasmens maugrat  tot plen de relanças, es estat lo silenci absolut, ren, pas mancó la cortesiá a minima de prendre lo temps de dire nani. Dau costat de la tiera de Pape Diouf, Bastir a agut lèu una data de rdv amb Sebastien Barles mai pecaire, cinc minutas avans, aqueu s'es descomandat, gaire fisable. Pasmens, prepausèt quauquei jorns après una setenca plaça sus una tiera dau centre-ciutat, una plaça sus sa tiera sensa ges de possibiltat d'èstre eligible de segur. Lei militants de la tiera Pape Diouf se regalavan puslèu a faire leis arlèris  en cantant "Happy" coma èra dins l'er dau temps o en se passejant per carrièras. Avián ressortit lo possapossa a pedalas amb lo retrach gigant de son novèu Barak Obama per una campanha mai americanizada qu'anisada.
Donc degun, levat lo FDG de segur, a vertadierament tendut la man a Bastir (bessai amb una autra man mau-segura, gaire fisabla dau costat de la tiera Diouf). Dau costat dau Modem, fin finala, Bastir a rescontrat degun...
De segur que Gaudin es un fanfaron segur de se, enchusclat  d'aquest desagradiu sentiment de rei gloriós bota serèm jamai pron sevères amb son bilanç pietadós. Menucci que vòu l'i faire targa, pecaire... Eu, es una "boca" tanben, messorguier de la còsta plena, fa de promessas en cadun, assaia de pausar lo tafanari dins la postura dau chivalier blanc, de far la gata miaula... e coma sant Miquèu terrassant lo drac, a promés de faire tombar la gaudinalha e mai que mai la famosa cogestion amb FO, mot pudic que pudic e tecnocratic que tecnocratic per pas dire qu'aquest sindicat d'emplegats comunaus fai dempuèi de temps la pluèia e lo bèu temps e d'infames recampars dei bordilhas, mon viech, amb son "fenit-partit", acabi, acabat ! Bota son biais a lèu pres leis aigas que lei marselhés se son vitament avisats qu'èra un de la mema conivéncia, consanguin a fons (e cu lo pòu creire ?), d'una complicitat pariera qu'aquela de son pretendut rivau fin finala. Siguèsson messorguiers lei marselhés, serà totjorn malaisat de faire de manipòlas amb de regardelas e de parpèlas d'agaça a de messorguiers. E pasmens, de segur que lo PS e leis ecologistas e quauqueis occitanistas aurián pogut faire bassacular la romana dins una triangularia amb en tresen lo FN, maugrat leis afaires, lo clientelisma a l'entorn de FO, lo quichar dei notables que sostenon Gaudin, lo malhum de Guerini e sei manipòlas, seis amistats d'interest, lei peudò-libertaris dei barris nòrds, ben colègas amb lei boss dei dealers e que marchan tanbèn amb leis islamistas. Auriá faugut abrivat una dinamica amb aquelei dei barris nòrds e leis electors qu'an "gentrificat" lo centre-ciutat, de mond qu'an fach d'estudis, de mieg-riches de la classa mejana e l'an pas fach, pecaire !
Marselha senjarà gaire e Gaudin senhorejarà, l'i aurà, totjorn aquesta pudentor que te sauta a la garganta, sentida de pissanha e de mèrdas de chin escrasadas, l'i aurà totjorn quora de vèspre, arrivas a la gara, ges d'alternativa a l'abséncia de transpòrt en comun, totjorn ges de lenga vesedoira e aquest ambient de brutalitge que monta e qu'es la maire de l'auçada dau FN, aquelei cocha marluç empegats coma de ròssas que braman coma d'ais, la nuech, au bèu mitan de Canebièra.
De segur qu'es pas utile de precisar la legitimat de l'occitanisma en Provènça e benlèu mai que mai a Marselha meme se d'unei vòlon desseparar Provènca de l'ensems de l'espaci occitan, es pas seriós... Fau rapelar lo travalh de l'associacion "lo calen", associacion d'educacion popularia per lei joines, ben enracinada a Marselha, bailejada per J Rebol que defundèt dins leis annadas nonantas. L'ostau dau país marselhés de la Plana n'es un regrèu...
Bastir Marselha a pas agut l'ombra d'una elegida o d'un elegit, un fiasco coma d'abituda ! Lo PS aliat ais ecologistas avián una Canebièra mai que duerbida davans elei per capitar e semblava pron facile dins un triangularia UMP, PS-EELV e FN amb l'infame bilanç de Gaudin e de son equipa...  An cagat ai braias.
E pasmens, coma auriá pogut mandat una auça d'utopia l'occitanisma moderato de 2014 ? Coma auriá pogut èstre una alenada a n'aquelei marselhés desencantats, de còps, vergonhasament "a palhòla" coma dison, aquelei qu'an "ni còca, ni mòca" coma disiá Gelu devers 1840, per aquelei qu'an perdut son estrambòrd, que venon aflaquits. Basta d'assaiar de subreviure, restèsse qu'un pessuc de vòlha dau costat dau malhum associatiu. Aurai pas mancó parlar de Marseille Capitale européenne de la culture 2013, regreti pas... Mon viech, lei cervèlas son sus lo sector, son brancadas sus l'estadi Velodròme reencantat, es lo cònsol que l'aviá promés avans son trionfle e tot es en camin... Lei drilhanças de Marselha seràn lo festin dau diable !

26 mai 2013

Coup de chapeau à Alegransa

La lyrique occitane des troubadours a 9 siècles. Certes, elle a été un peu oubliée des interprètes pendant une longue période. Silence, oubli et dédain. Qui interprétait les troubadours en France à l'aube des années 60 ? Comme me le relatait un ami dernièrement, seule l'épouse de Lanza Del Vasto et avec un accent pas très méridional mais ce n'est pas grave...

Bravo à Isabelle Bonnadier et à ses compagnons musiciens pour leur disque -Alegransa- et merci pour leur superbe interprétation de ces chansons de troubadours. Un grand bain de jouvence. Jòi e jovent si l'on ose dire !

C'est une gageure que de se lancer dans cette aventure aujourd'hui pour plusieurs raisons :

-déjà, il faut distinguer un peu arbitrairement parmi les archives le manuscrit que l'on va privilégier et pour une même chanson, il y a en a parfois beaucoup avec de petites ou grandes différences.

-ensuite, il faut choisir une posture d'interprétation de cette lyrique, en essayant soit d'être fidèle à l'interprétation médiévale comme le fait un universitaire de Barcelona, soit en trouvant des arrangements musicaux, une adaptation pour toucher le public de notre temps. Il s'agit alors de donner un souffle nouveau à cette lyrique. C'est cette démarche qu'Isabelle Bonnadier et ses compagnons a privilégiée.

IMG_1201[1] Il s'agit de réinventer en se mettant au service d'une mélopée créative. De toute façons, pour beaucoup de chansons, les partitions sont perdues ou du moins introuvables donc cette direction s'impose.

-last but not least et ce n'est pas le plus facile, trouver la langue du chant, se positionner phonétiquement de manière cohérente pour une langue médiévale dont on ne sait pas avec précisions la réalité dialectologique ou plutôt phonologique de l'époque. La langue littéraire des troubadours était une koiné pour reprendre un terme grec. Elle est très codifiée et gomme peu ou prou les différentiations entre dialectes. Dans Alegransa, l'interprète relève ce défit de funambule avec dextérité même si d'aucuns, fatalement, remettraient en question certains choix phonétiques, comme dans la manière de phonétiser parfois le u, de marquer ou pas l'accent tonique, les finales ou encore quelque autre pécadille...

Dans ce disque, le ton est enjoué, "la canta encanta",  le rythme d'une chanson à l'autre varie, parfois lent, parfois beaucoup plus rapide, toujours lyrique, la mélopée : on ressent beaucoup de grâce, de maitrise aussi et un jeu vocal où la spontanéité tient une belle place. Les musiciens sont agréablement présents au service d'arrangements subtils.

J'ai été sous le charme de ces vocalises, de ces rythmes, de cette voix comme je le suis depuis longtemps de la métrique et de l'inspiration troubadouresque. Les chansons interprétées relèvent le plus souvent de l'amour courtois même celles de Folquet de Marseille qui en fin de vie renia les frasques troubadouresques de sa jeunesse et chanta la Vierge Marie (Folquet avait décidé de se mettre au pain sec et à l'eau chaque fois qu'il entendrait une chanson de son jeune temps lorsqu'il choisit en vieillissant de devenir prélat). On retrouve Pèire Vidal, celui de l'amour fou qui chanta lui au moins cinq dames différentes, le Moine de Montaudon avec sa ritournelle autour de ce qui l'ennuie, et bien d'autres...

J'écoute ce disque aussi bien sur l'autoroute, prisonnier des embouteillages, accompagnement splendide dans la marée des bagnolards, que dans le silence monacal, en suivant le texte de la chanson avec beaucoup d'attention, en écoutant les musiciens magnifiques, la voix lyrique, sensible aux instruments, à la métrique, au sens, à la voix avant tout... à l'érotique des troubadours, ce tendre fouet de l'âme. J'espère que ce disque aura l'écho qu'il mérite avec toutes les forces du jovent, je parle d'un souffle.

Publicité
Publicité
17 septembre 2012

Oh ! L'amour des arbres !

421

-Si tu viens dans le pays de l'arbre où l'eau vive monte du plus profond jusqu'à la racine forte, où hêtres et châtaigniers sont la robe riche de la terre et du temps...- (Marcelle Delpastre)

Ce serait injuste mais il est très possible que par décision de justice, suite à une procédure engagée par l'ONF et la ville de Marseille, Catherine Habersetzer, harcelée depuis 4 ans par les autorités,  soit contrainte de débroussailler les alentours de sa bastide. Elle devrait faire des coupes claires dans son domaine autour d'une simple bastide entourée d'abord de platanes puis de bien d'autres essences. Cette propriété où la maitrise humaine aurait lâcher bride est située sur un versant nord, à l'ubac du Mont Rouvière dans le quartier de Saint Tronc. Il est fort possible aussi que quelques mois après, des promoteurs immobiliers avisés et remplis d'allant, sûrement un peu cupides, la houspillent sans vergogne lui proposant une offre d'achat alléchante, saisissant là l'opportunité pour réaliser par la suite une belle plus-value en transformant en zone à construire ce merveilleux domaine savamment végétalisé, assimilé aujourd'hui à une sorte de lupanar végétal. On sait comment peuvent devenir phytophages les grandes villes dans leur dynamique d'extension avec un amenuisement de la biodiversité à la clé...
L'argument juridique est le suivant : pour se préserver des risques d'incendie (sur ces 3 ha situés dans l'actuel périmètre du Parc National des calanques), il serait strictement interdit de laisser se déployer le couvert végétal de manière si exubérante.
Seulement, examinons ce biotope d'un peu plus près, tout en sachant que Catherine exerçait en tant que chercheuse au CNRS avant sa retraite et que sa spécialité était justement la botanique. De manière très rationnelle et réfléchie, elle a en fait organisé sur ces terres un équilibre écologique tout à fait remarquable en privilégiant notamment les feuillus (moins combustibles et donnant plus d'ombre) au détriment des résineux souvent très présents en basse Provence. La toponymie déjà donne peut-être une indication : le -Mont Rouvière- n'est il pas l'endroit où poussaient déjà autrefois le rouvre soit le chêne blanc ( lo role en provençal) ? Car comme par hasard, ces chênes aux feuilles lobées sont bien présents dans ce couvert végétal où l'on observe entre autres des lauriers-tins, des aubépines mais aussi des noisetiers, des micocouliers, des marronniers, des fusains, des arbres de Judée, des arbousiers ou des salses pareilles. Si l'on peut bénéficier ici de l'ombre apaisante du tilleul, un arbre qui affectionne plutôt l'étage du hêtre, cela révèle bien entendu la fraicheur et l'humidité relatives du lieu qui tranche avec la climatologie habituelle de la majeure partie du littoral provençal. Saluons le micocoulier : silhouette majestueuse dans ce foisonnement, lui dont le tronc gris et lisse a quelque chose de Ganesh, l'homme-éléphant... Ses feuilles  sont très allongées, vert terne et lorsqu'elles tomberont, apparaitra un branchage un peu frêle qui contraste avec son tronc puissant. Les micocoules murissent lentement et peut-être qu'un jour à nouveau comme les anciens, en ferons nous une liqueur ?
On monte par un petit chemin assez étroit jusque là où l'incendie de Carpiagne en 2009 s'était arrêté, jugulé après d'âpres combats : on rencontre dans cette végétation d' après le passage du feu, les marqueurs de la garrigue : pins, cystes (souvent régénérées après l'incendie) , la caresse piquante des chênes verts et des argelas...
Chez Catherine, la connaissance du milieu dans sa dynamique parachève son amour des arbres, de leurs feuillages, de leurs odeurs, de la faune qui s'y installera, qui y trouvera sa niche écologique, une antique préoccupation célébrée très souvent comme déjà dans la lyrique du magnifique troubadour Arnaut Daniel : Lanquan vei fuelh'e flor e fruch...

-Quand je vois feuille et fleur et fruit
Sur les arbres et les rameaux
Quand j'entends les cris dans le bois
Des grenouilles et des oiseaux,
Amour me rend et feuille et fleur et fruit
Si doux que dans la nuit je me réveille...- (traduit de la langue d'oc)

433

Catherine a fait de sa propriété une sorte de laboratoire nature, labo végétal avec écosystème en équilibre : les arbres semblent y pousser au hasard tant nous avons pris l'habitude des paysages anthropiques (pour le meilleur : les cyprès qui bordent les vergers ou à l'entrée des cimetières, les platanes qui jalonnent les routes... ou pour le pire : un peu honteuses les félicitations des autorités pour celui qui a fait de son jardin voisin un green bêtement en vogue si peu adapté à la réalité climatique marseillaise et donc fatalement arrosé en permanence) mais détrompons nous, c'est loin d'être le cas ! Catherine sera émue d'apercevoir près de sa maison un renard furtif, dans les hauts, l'ombre d'un blaireau par une nuit sans lune, d'entendre le bruit si émouvant du pic qui troue l'écorce en quête de breuvage. Elle a su privilégier en conscience certains végétaux, les feuillus notamment grâce à son savoir botanique, en outre, prenant en compte le risque de feux de forêt, elle s'est dotée à ses frais d'un système performant d'arrosage (ce qui lui permet aussi d'irriguer dans les moments de grande sècheresse), système alimenté par l'eau d'un bassin toujours rempli lié à un canal qui traverse la propriété : 2 motos-pompes qui permettent avec une forte pression de 5 bars de prélever l'eau (500 litres/minutes) alimentant 4OO mètres linéaires de tuyau qui sillonnent une surface d'un ha dans le bas de sa propriété et en début de colline.
Sil faut respecter le droit dans un Etat de droit, la protection des personnes et des biens dans une zone qui jouxte une grande agglomération, cela fonde les principes du contrat social, et ne l'opposons surtout pas à un ordre qui deviendrait l'ordre moral, il convient dans un esprit de clairvoyance et de justice d'avoir suffisamment d'acuité intellectuelle pour ne pas appliquer la loi aveuglément sans prendre en considération les réalités locales (en l'occurrence un biotope singulier dans le contexte du littoral méditerranéen, certes situé en périphérie urbaine) et les stratégies particulières issues du savoir scientifique. La loi sait trouver parfois avec intelligence des protocoles dérogatoires face à des situations singulières et on l'espère pas seulement pour servir des intérêts d'argent.

29 janvier 2012

Tornar a Orlhac

Tot d'una, un apèu, jòi, jòi, Orlhac, genta fugica que ròda, fachilhièira negra de neiènt, trevas pesugas dau temps d'ara, faus espaventaus espelhandrats ras la rota coma un mieg-cròc lèu engolit a l'estanquet dau temps passat, l'i siás mai, un còr plen de gaug e de memòria que desbonda, te vaquí mai en ribas de Jordana e lo japar te remonta a la cabeça.

-Cossi quò va ?

 -Lo voliá, lo voliá pas, lo petit òme...  lo voliá, lo voliá pas... lo desirava pas...

Atau cantavan dins lei balètis lei musicaires que te ne'n sovènes, de mond de l'IEO.
As tirat drech despuèi Rodés que fasiá l'estivada, (enfin biais de dire qu'aquò virava, n'en fai de bescontorns la rota, entre montar d'Estanh a Mont-Sauvi en passant puei per La Folhada coma dins lo temps) montas, montas dins lo verd país d'Auvernhe que de falhards te l'i fan d'ombrum puei davalas fin qu'a Orlhac amb tei sovenirs de convises, de rescòntres amb lo mond dau ròdol, de baladas en montanha, d'iverns orlhagués onte tot èra ennevassat per carrieras, de Caramentrants foligauds... e mai boriòls e pontis, aquelei tastas de bonur. 

As rescontrat un paure teisson de costat, estaloirat sus lo quitran ras la rota : de nuech, es estat fatalament tuertat (a n'aqueu bestiàri gosta-solet, tant l'i agrada de gratar camin dins lo sorn, davala de còps lei pendis tròp lèu). 5 ans de temps qu'as viscut aquí partènt de 1984 avans lo sant-miquèu per Provenca a n'aqueu moment que la paret de Berlin siguèt a mand de s'escrancar. Era ta segonda mutacion professionala, fugissènt lo centre de Paris, l'Almà per descubrir un autre bot de l'espaci occitan, l'autra montanha.
Onte son aquestei mots tant amats e tant amagats, lei mots occitans d'Orlhac e del Cantau ? Te fau cavar un bocin ai recantons de ta clòsca, pas ben òublidats de segur... La vila es enflorida e ensolelhada vuei, un plaser, e te carra d'èstre aquí coma dison aici. Au centre-ciutat, an montat un pichòt mercat, forra-borra un fais de bebèis, es lo vueja-granier.

L'Auvernhe te parla a la chut chut, ne'n aviam colectat de votz : de còntes que lo lop l'i ten lo ròtle mager, de cançons d'amor o de travalh, de racòntes dei paísans, de devinalhas de còps, de nhòrlas un pauc pebradas, mai pas tant gorrinas qu'aquò, enfin rarament, la pudor... Dins un vièlh ostau devers Badalhac, te sovenes d'aquelei gròs pans de la crosta dura que venián d'èstre tirats dau forn. Caminaviam benlèu en cèrca d'una memòria en trantalh, a mand de s'esvalir. 

-J'ai deux grands boeufs dans mon étable...

Enregistraviam de causas ansin amb Joan-Glaudi, anaviam au Fel, au país dels costa-vin onte d'amics venián de remontar la teulada de lausas dau secador. Un secador per lei castanhas !
Dins lei sovenirs, poncheja totjorn un pauc de tristum benlèu, es tant cantada la dolor e me fai pena de te veire lagremejar tu en te rementant de tei grands quora as destoscat un vièlh juèc vendut a la brocanta amb sei jetons tot ennegresits, placas e ronds de bòsc, te rapelant ton enfança d'estiu encò dei grands ...

Demorarai gaire, es un pauc pecat, just una prangièira emai una nuechada, lo temps de partajar un chicolon de vin, de vin del Fel, lo temps de tastar un bocin de Salern vièlh, aqueu tot fendasclat que lei vermes pichòts l'i an travalhat sa crosta, un pauc de carn salada, un cambajon benlèu  pas mai... L'i a ara quauquei nivas eilamont e d'oras puèi, sul pic, la plueja, un fotrau d'auratge, chavana orlhaguesa au bèu mitan de julhet.  Cal tornar a l'ostau encò de ton òste, galapian provençau, siás pus lo meteò qu'aviá d'observar cada jorn lo nivolum, qu'èra solicitat d'estiu, dau temps que fanavan, per prevèire la pluèia. De còps,  lei frònts èran de se seguir, aquelei perturbacions pròche-Atlantic que donavan de gròssei pluèias au ponent dau vòucan cantalian e fin finala fin qu'an balhat son nom au Puech Marin.

De nèu, d'aiga-nèu, de granissa, d'auratge, tot fai ventre. Te tòrna lo boogie-woggie d'aquelei dos iverns a de reng onte lei temperaturas avián davalat a mens 20,  de freg siberian s'èra instalat... 

Te saludi  Auvernhe nauta que dinda a mon èime coma un cançon dau Monge de Montaudon, monge ata... mai de vocacion alternativa : servir Dieu per sacerdòci benlèu tot en se metènt en bosca d'un autre latz, dins l'autre latin, d'un absolut de viure aquí, entre òmes e fremas, la questa amorosa que li faguèt una astrada de trobador.

16 juillet 2011

Expulsion d'un campement de roms : c koa le pb ?

IMG_0304_1_Julhet de 2011, lei ròms son fòrabandits un còp de mai...
Aièr, ai vist lo film -Welcome- !

8 oras de matin, pus possible ara de s'enquilhar dins la carrièra Commandant Mages per quitar lo parcament de Chanterelle, l'i a 8 camionètas de CRS que se son amolonadas dins aquesta carrièra  e que tapan l'intrada dau terrenc.
-Excusez moi Monsieur, comment dois je faire pour sortir, je vais travailler !
-C'est quoi le problème, passez de l'autre côté... me respònd lo CRS tot agolopat de cròia emai d'autoritat.
-Il n'y a pas de sortie de l'autre côté, la seule, c'est là. Les fourgons ont tout bouché...
Fau benlèu ren dire de l'afaire, plegar un chut sus ce que leis a fach venir aquí... valènt a dire lo desmenbrar dau campament ròm. E pasmens :
-Pourquoi tous ces fourgons en fait ?
Ai pas pòugut m'empachar, me lo fau demandar pasmens, que l' i a gaire de mond de la premsa o dau mitan deis associacions.

Estièu triste, vesi qu'es a estremar sei causas la jova frema de la cherpa encolorida (remeti aquelei flors de sa cherpa que lei veguèri promier a Praha, un motièu totjorn parier), e leis òmes... leis autrei qu'an plegat sei tibanèus de fortuna d'acatons, sensa mudar, e d'autrei fremas qu'an estremat sa bugada estenduda. Van patusclar... per decision de justicia e degun entre elei sembla faire lo morre, semblan pas manco estomagats tant coma son abituats a d'anar-venirs dins sa vida de grata-camins.

Morre de justicia, onte siás ?
-On est en train de démanteler le campement des roms, ça se passe tranquillement. Le tribunal de grande instance a prononcé leur expulsion, ils sont au courant depuis un moment.
Tranquilllle... terrain vague, vague à l'âme. 

Lo tractò-pèla es a faire son òbra, tot serà rasclat d'aquestei vidassas ! Avem gaire ben sachut leis aculir aquelei caracas que crosaviam d'en pertot. Eran quasi 200 familhas vengudas de Romania. Lei poders publics an agut de reguinhadas d'una partida de la populacion : an mandat de lètras ai politics per se planher de tot un fais de causas, d'unei benlèu qu'an agut raubat emai dei malautiás, la ronha que tòrna... e mai que mai aquesta granda paurilha sota leis uelhs...
Per dire lo verai, en Provença... èran dins lo temps camarguencs entre lei camarguencs, lei ròms, pòple nomade que barrutlava d'en pertot, amb sei verdinas de bòumians. Que vergonha !

IMG_0311_1_Ara, coma acarar aquesta flicalha, aquelei gabians clafits de cròia ? N'en sabi ren. Son regdes que regdes, segurs de son bòn drech, varlets ais òrdres dei captaus de la Comuna e de la  Pòrcfectuira, ais òrdres de la drecha, d'aquesta pron dura, seca que seca.
Aquelei bòumians : leis aviáu rescontrats mai d'un còp, bèu premier en Romania emai tanben lèu fach en Bulgaria, pròche la rota, entre Sofià e la montanha de Pirin. Eilà tanbèn èran de faidits, formigas de la lenga muda, avián de verdinas amb la chaminèia subre la teulissa, me rementi.
En Romania rapresentan quasi 2 dau 100 de la populacion, son tanbèn un mond a despart, a la talvera e sensa gaire de drechs, de gents fòrabandits, la minoritat la pus mespresada, anequelida. Son istòria es pesuga que dins lo temps èran d'esclaus e despuei sa liberacion, an jamai capitat colectivament  de se faire una plaça vertadiera dins la societat romanesca. Es pas rare de legir una anoncia a Bucarest amb de -Cercam un portier levat un caraca-. E pasmens d'unei entre elei, venguèron richàs menant a bèus uelhs vesents sa gròssa Mercédès onte que siágue, grands peirins de la Mafià. Per la mager part, èra la paurilha, l'ignorancia e lo caumatge... Vivon en familha mai es la familha mai qu'alargada amb un grand paratge entre leis uns e leis autrei, d'una generacion l'autra. Sa lenga es lo romaní, una lenga mai que mai de l'oralitat. Sa tradicion es pas de s'aplantar a n'un ròdol, de l'i plantar cavilha e de bastir l'ostau, nani. D'ostaus, soventei fes n'an pas e seis enfants, de mai en mai d'aquelei darriereis annadas, an virat l'esquina a l'escòla. Lo nivèu d'escolarizacion dei jovei generacions a baissat a rapòrt dei mai ancianas.

Lo cineaste Tony Gatlif que leis a mes a l'onor mai d'un còp ditz d'elei que son d'òmes e de fremas libres, de mond que fan targa, que son pas lests de renonciar, que crenhon ren ni degun... Dins son film -Mondo- tirat dau roman de Le Clézio, Gatlif aviá mes una cançon en occitan, me rementi, es pas un azard.

Aquí, dins lo barri, son en cèrca de metaus, leis ai crosat de contunh qu'èran a tirassar sa possèta d'un er galòi, la cara virada vers lo container dei pobèlas a triar, a espepissar leis escobilhas
-Mon fraire lo bòumian , mon amic, lo caraca- cantava lo Beltrame a la fin deis annadas setantas, es lunh.
Es lo 15-enc còps en 2 mes qu'aquelei ròms se fan gisclar de son camp aquí a Chanterelle, son abituats. L'i son venguts quand an fugit la Pòrta de s'Ais onte eilà, son estats agarrits, d'unei venguèron li picar dessus a còps de barras de ferre. E ara, l'i son tornats.
-Où aller ? diguèt una jova maire. A l'azard Bautazar fatalament, d'eicí, d'eilà.

Temps marrit, la maganha que fai pensar ai annadas sornas dau govern de Vichy, d'aquestei fachòs IMG_0300_1_que secutavan a l'encòp lei jusièus, lei comunistas, leis anarchistas emai lei francs-maçons e lei caracas...
E pasmens tot aquò es pas una fataliat,  la solucion se dèu carcular a l'escala d'un continent, va cresi : benlèu que lei van mai remandar en Romania leis autoritats francesas en disent que son pas pron asatats, que se meton pas a la lenga francesa e qu'asatats va seràn jamai, que refusan l'escolaritat per seis enfants, que son passatemps es que de mendicar, enfin lei fremas... bota aqueleis imigrants son ara aquí, meme que siágon de lònga en transit, an vòugut senjat de vida, mòuguts per son desir d'alhors meme se s'agissiá pas de batre l'antifa per elei... E pasmens son d'europencs alòrs coma faire ? Leis organizacions romanas que leis aparan meton Paris en garda de còntra de  rapatriments ilegaus.  Se tòrnan en Romania, vòlon que lo govern romanesc ague una polictica au nivèu locau per lei recebre en dignitat. Demandan per elei se tòrnan eilalin de condicions mai umanas que soventei-fes, aquelei ròms vivián eilà dins de comunautats dau campèstre ont l'i a ren coma estructuras, espitaus per exemple, onte seis enfants avián pas pres l'abituda d'anar a l'escòla, alòrs ara, revendican l'escòla per elei, per leis aduldes que siágon formats quora an ges d'obratge, que vengon un pauc qualificats per se trobat un pretzfach au mens e que siáguesson pus dins aquesta cultura de mendicar.
A Nantes o a Bordèus, quora leis autoritats  leis an fòrabandits d'un campament ilegau, son estats lotjats puei e non remandats per carrièras. Se volem leis aculir en dignitat e legalament, segur que faudriá quichar per qu'aprenguesson la lenga premier mai  li fai mestier de melhorei condicions de vida, d'igiena, de cagadors premier e perqué pas a ressalha, emai de containers per garçar sei bordilhas e tanben la possibilitat de trobar d'aiga, segur que li fan besonh de mèstres d'escòla tanbèn per sei pichòts... Emai leis ajudar benlèu a organizar son travalh. La problematica es europèa de segur mai se vòlon pas un pauc aprendre la lenga dau país d'acuelh e mandar sei pichòts a l'escòla, prendre en carga sa santat, previèu un avenir mai que negre per elei, onte que siágue. Aicí tant coma eilà !


Ai fach de fotos après l'auvari...

8 mai 2011

Le solaire productiviste

IMG_0285_1_La Barben avait son château, son zoo... et aura peut-être son parc photovoltaïque à l'initiative de la commune, prévu en 2013 : toute une surface de panneaux solaires au sol entre St Cannat, Lançon, Coudoux et La Barben, vers la colline des Quatre Termes qui s'achève par un vaste plateau désertique et venté dominant la vallée de l'Arc. C'est là qu'un immense parc solaire est prévu pour une surface cloturée de 1000 ha et avec une couverture de panneaux solaires au sol de l'ordre de 176 ha produisant 96 millions de watts par an. Le concessionnaire de ce parc est l'entreprise Voltalia.

Dans un premier temps, on peut se réjouir que l'industrie commence enfin à investir dans les énergies renouvelables, peut-être... Les promoteurs de ce projet mettent en avant des motivations louables à priori :

-il serait dommage de continuer à ignorer cette mane que constitue le potentiel de rayonnement solaire de la Provence

-le photovoltaïque est une énergie renouvelable, propre qui permet de diminuer l'empreinte carbone due à la consommation d'énergie fossile qui génère des gaz à effet de serre

-ce projet permet au monde rural d'avoir une nouvelle activité génératrice de quelques emplois évaluée actuellement à une douzaine

-la zone aura également un rôle de coupe-feu le cas échéant pour la défense de la garrigue

-les retombées économiques s'annoncent très prometteuses

-de plus, les équipements étant réversibles, il y a la possibilité d'arrêter le projet n'importe quand.

Et pourtant, ce projet à priori très lucratif pose de réelles questions, il est emblématique de cette tendance à une industrialisation du solaire car ce type de projet plus ou moins avancés a le vent en poupe, un autre dossier du même acabit a été déposé à Beaucaire avec aussi à la clé un bénéfice faramineux de l'ordre de 90000 euros à l'hectare par an, projet sous la houlette d'EDF Energie Nouvelle.

En fait, on a déjà l'exemple écossais de l'industrialisation de l'énergie renouvelable : on peut voir là-bas les dégats pas seulement visuels d'immenses plateaux recouverts de gigantesques éoliennes.

Le solaire est une énergie d'avenir, c'est certain mais il doit être penser de manière écologique, locale, respectueuse de la bio-diversité. Dans les projets qui se dessinent, on ressent un vrai malaise autour d'une rentabilisation à outrance. Cette énergie semble se mettre en place pour des surfaces trop importantes ce qui induit un impact désastreux en termes de bio-diversité : la garrigue n'est certes pas la biosphère la plus défendue médiatiquement mais les chênes verts, les cistes cotonneux et les pins d'Alep sont aussi des niches écologiques. L'aigle de Bonelli rode au dessus de cette grande garrigue située vers Les Quatre Termes, le Puy Madame et le Fangas. Il est évident qu'une grande surface de miroirs solaires ne lui va pas vraiment... Ce genre de projet autour d'une garrigue enfin rentable accentue la fragmentation de l'espace naturel alors que les populations animales et végétales ont déjà le plus grand mal à se connecter entre elles.

IMG_0287Pour d'autres projets en zone agricole, voilà une nouvelle source de pression foncière sur des étendues à vocation agricole qui fondent déjà comme neige au soleil notamment dans les Bouches du Rhône.

Lançon situé à côté, commune à l'extension phénoménale, témoigne tristement de ce travers d'extension urbaine en prenant toujours que plus de garrigue pour des constructions de lotissements cette-fois. Ces dernières années le département a perdu un cinquième de ses terres agricoles au profit bien sûr de lotissements, de zones commerciales et d'infrastructures routières et ferroviaires.

-Mais alors, vous les écologogistes, on vous croyait favorables au solaire mais vous y devenez hostiles dès qu'il commence à se réaliser sur le terrain ! m'a dit un retraité de La Barben très remonté contre ces écolos qui mettent toujours des bâtons dans les roues. Il ne voyait aucun inconvénient dans ce projet, surtout l'immense avantage d'avoir déniché la poule aux œufs d'or. Ce qui lui venait tout d'abord à l'esprit, c'était un éventuel impact pour les chasseurs, négligeable pour lui, ensuite un éventuel désagrément esthétique aussi, mais aucune réflexion ni sur l'impact foncier, ni au niveau de la bio-diversité...

-Mais le coin est tellement perdu, si vous le trouvez, je vous paye un merle blanc comme on disait autrefois... m'a t-il dit.

On assume, on milite certainement pour les énergies renouvelables, animé d'une profonde motivation pour sortir de l'hégémonie du nucléaire mais avec des projets plus modestes, plus respectueux de la bio-diversité aussi. Il y a une dizaine d'années, dans le cadre de la commission environnement d'un syndicat, on encourageait les acteurs du solaire et les décideurs politiques à faire installer des pannneaux sur les toitures des entrepots de Plan de Campagne. Oui au solaire sur les toitures notamment là où il y a déjà une activité industrielle ou une concentration de commerces et d'entrepots.

Il y a un bémol à mettre toutefois pour les gros projets notamment au sol comme à La Barben car c'est toute la filière française du solaire qui est financièrement étouffée de leur fait : l'argent dédié au solaire français se trouve accaparé par ces projets industriels ou semi-industriels au détriment de projets plus modestes qui sont le plus souvent sur toiture.

13 mars 2011

Les charrettes arnachées de Bagan

089Le chant religieux avait commencé au crépuscule et faisait de ma nuit un délire, impossible de fermer l'oeil, pire que les assauts des moustiques : c'était une chanson improbable, monocorde, une voix de mec, très habitée, un truc d'une longueur extravagante, une mélopée incessante, si longue que la moindre radio occidentale aurait bien entendu refusé de passer ne serait-ce que le début du commencement... Ce chant mystique se poursuivait toute la nuit, de la fin de la lumière du jour jusqu'à son début, una alba quoi (ont'es lo trobador de la nuech ? ), chant mystique au souffle continu, chant sans rupture aucune, ni de voix, ni de rien, chant mâle, extravagant, jaillissant sans discrétion aucune des hauts-parleurs disposés aux 4 coins de la ville. Parfois, il faut un peu rappeler aux occidentaux qu'ils sont en Birmanie et que le rôle fondamental de toute tradition n'est pas toujours de charmer le touriste... Etrange exotisme qui ne fait pas mon bonheur, j'en rigolais  intérieurement, quand on dort pas, le cerveau a le temps de se donner un petit clin d'oeil d'humour. Bagan était en fête manifestement et je me disais que finalement, c'était plutôt légitime que les birmans décolonisés ne se soient plus pliés aux exigences de silence nocturne demandées par les touristes, pas facile de s'arracher à cette dictature qui fait si souvent taire les rituels populaires... Voilà une ville ouverte mais où les festivités ne sont pas mises en sourdine. Après avoir passé une nuit blanche à tourner et virer dans mes draps du fait de ce chant d'infini je ne sais quoi, ce chant toujours recommencé... c'est vrai qu'au réveil, ce n'était pas vraiment la grande forme, pas grave. Le lendemain, la tête un peu dans le cirage, pas grave je répète, me voici me voilà à nouveau sur les chemins ensablés qui mènent à de nouveaux temples, de nouveaux stûpas, il y en a tellement qu'une semaine n'y suffirait pas pour tout découvrir par le menu...

Soudain, je croise sur ma route une procession qui me parle : attelage de bovins arnachés superbement suivi d'un petit 102cortège de jeunes gens très joliment vêtus eux aussi et devant, en tête, un camion-sono avec une chanteuse/danseuse au micro qui anime la fête sur les planches de la remorque. La procession va de hameau en hameau et je la suis en vélo, seul touriste là au milieu pour accompagner cette fête birmane pour les birmans, cette fête qui a vraiment l'air de ces -carretas ramadas- qui se font du côté de Noves ou de Château-Renard, de ces passa-carrieras... Fierté paysanne commune, au sens le plus païen peut-être, la terre, les chevaux ou les bovins de labour, bêtes parées semblablement de miroirs, de laines aux couleurs vives... -Quelle est cette fête ? -C'est -Nadaw- me dit-on... Un défilé bien entendu lié à la fête nocturne de ma nuit passée avec cette mélopée qui traversa... tota la nuechada e se lo cant faguèt qu'una cordurada, podèm pas dire parier de ieu !

 

Publicité
Publicité
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 > >>
Publicité